Une deuxième employée de la Croix-Rouge internationale enlevée par Boko Haram a été tuée par le groupe jihadiste dans le nord-est du Nigeria en l'espace d'un mois. "Un acte de cruauté abject", s'est indigné mardi le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Mardi, le ministre nigérian de l'Information, Lai Mohammed, a annoncé la mort de Hauwa Liman, une sage-femme de 24 ans. Condamnant un meurtre "ignoble, inhumain et impie", il a appelé à la libération de deux femmes encore aux mains de Boko Haram: Alice Loksha et une jeune fille de quinze ans.
Trois humanitaires nigérianes avaient été enlevées le 1er mars dans une attaque visant la ville de Rann (extrême nord-est), au cours de laquelle trois autres travailleurs humanitaires et huit soldats nigérians avaient été tués. Deux des femmes kidnappées, Hauwa Liman et Saifura Khorsa, travaillaient pour le CICR. La troisième, Alice Loksha, travaillait pour l'Unicef.
Selon l’AFP, le CICR a confirmé quelques heures plus tard avoir des informations selon lesquelles Hauwa Mohammed Liman a été tuée par ses ravisseurs dans un acte de cruauté abject. "Nous avons appelé à la clémence et à la fin de ces meurtres insensés. Comment est-il possible que deux professionnelles de la santé aient été tuées l'une après l'autre? Rien ne peut justifier cela", a réagi la directrice régionale du CICR pour l'Afrique.
Hauwa Liman était "une femme sociable, dynamique et enthousiaste, très aimée de sa famille et ses amis (...) dévouée à son travail", a ajouté le CICR.
"Nous espérons sincèrement que cette série de tristes événements et que la mort douloureuse de certains de leurs employés ne décourageront pas le CICR de travailler au Nigeria", a déclaré mardi soir le président nigérian Muhammadu Buhari sur son compte Twitter.
Ce meurtre est un coup dur pour le chef d'Etat nigérian, qui avait fait campagne en 2015 sur la promesse d'éradiquer l'insurrection jihadiste dans le nord-est du pays et qui est candidat à sa propre succession pour la prochaine présidentielle prévue en février prochain.
De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a "condamné fermement ce meurtre". Il "exprime son inquiétude pour la sécurité des otages - encore entre les mains du groupe - et demande leur libération immédiate", dans un communiqué signé de son porte-parole.
Mardi, des dizaines de personnes se sont rassemblées à Abuja, en hommage à la jeune femme assassinée, sous la houlette d'Ezekwesili Obiageli, candidate à la présidentielle de février et figure du mouvement #BringBackOurGirls, créé en 2014 après le premier enlèvement de masse par Boko Haram en avril 2014.
Plusieurs manifestants, en larmes, arboraient des pancartes reprenant les derniers mots de Hauwa Liman au téléphone avec son frère, quelques minutes avant son enlèvement : "Nous étions là pour les plus vulnérables et maintenant nous sommes les plus vulnérables". Mais la marche, qui devait s'achever devant le palais présidentiel, a été empêchée par la police qui a formé un barrage humain sur la route.
Les Nations unies estiment que les violences entre Boko Haram et l'armée nigériane ont fait plus de 27.000 morts depuis 2009 et près de deux millions de personnes ne peuvent toujours pas regagner leur foyer.
Otric N.