Bangourain, une petite commune située dans la région de l'ouest frontalière du nord-ouest anglophone du Cameroun, a été attaquée ce dimanche 23 décembre, par un groupe armé non identifié. Les assaillants ont incendié plusieurs habitations et laissé un mort derrière eux. L'attaque n'a pas été revendiquée, mais des soupçons se sont immédiatement orientés vers les combattants séparatistes anglophones même si les autorités invitent à la prudence.
Selon le maire de la commune de Bangourain, les assaillants étaient au moins une cinquantaine. Ils ont fait irruption dans la petite ville dans la nuit de samedi à dimanche, entre une heure et deux heures du matin. Leur intention, croit savoir la même source, était de s’en prendre à certains bâtiments administratifs de la ville. Objectif finalement dévié après un accrochage inattendu avec des vigiles d’un établissement les ayant repérés.
L’un des vigiles sera tué par balles, un autre s’en sortira avec des graves blessures. Le commando ira par la suite essuyer sa rage auprès des populations, arrachées de leur lit dans deux quartiers. Une soixantaine habitations seront incendiées et leurs occupants, femmes, hommes et enfants, emmenés comme otages. Selon le maire, les dix otages auraient été finalement libérés.
C’est la troisième fois que la commune de Bangourain, située dans la région de l’Ouest, en zone francophone et frontalière du Nord-Ouest, subit ainsi en quelques mois des assauts de groupes armés. Pour cette dernière attaque, les autorités locales ont néanmoins invité à la prudence se refusant d’indexer les combattants ambazoniens, la localité étant aussi en proie à une grosse activité criminelle.
«Nous avons fait un compte rendu au chef de l’Etat qui a donné immédiatement des hautes instructions et des moyens enfin qu’une aide substantielle soit apportée aux populations sinistrées. Une aide alimentaire, sanitaire, et de reconstruction parce qu’il y aura des tôles, des ciments, des matelas», a déclaré le ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji, qui effectue mercredi une descente sur place à Bangourain.
«Nous sommes arrivés aujourd’hui et nous sommes en train d’y aller avec le gouverneur (de la région de l’Ouest, Ndlr) pour revisiter cet arrondissement et les populations sinistrées, et leurs apporter officiellement les dons du Chef de l’Etat en prêchant la paix. Ces populations sont frustrées, ils ont été victimes des exactions des terroristes», a-t-il ajouté au micro de la radio nationale, la CRTV.
«Nous sommes venus pour informer les habitants de Bandourain que le Chef de l’Etat suit de très près les tristes évènements qui se sont déroulés dans leur localité. Je voulais aussi les rassurer que le Chef de l’Etat a donné des instructions fermes : tous ces terroristes seront traqués et remis à la justice», a indiqué Paul Atanga Nji parlant de l’objet de sa présence.
Déclenchée en fin octobre 2016, la crise anglophone Rechercher crise anglophone a déjà fait au moins 160 morts parmi les forces de défense et de sécurité. Au moins 400 civils ont été tués dans des homicides attribués aux deux camps.
Selon le HCR, 347 000 personnes sont déplacées des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest à cause de la crise, pour d'autres localités du pays.
En juin 2018, le gouvernement camerounais a mis sur pied le plan d’assistance humanitaire d’urgence d’un montant de plus de 12 milliards de 716 millions 500 FCFA, en faveur des communautés affectées par les violences dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Sur le terrain, les habitants des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, collaborent désormais avec les forces de défense et de sécurité auxquelles ils livrent les combattants sécessionnistes.
Otric N.