Le carburant frelaté interdit, s’arrache à prix d’or dans la capitale régionale du Nord.
« La loi sur l’exploitation de carburant automobile au Cameroun interdit la vente en dehors des stations-service ». C’est en ces termes que se défendait le délégué régional du ministère de l’Énergie et de l’Eau du Nord pour justifier l’interdiction de la vente du "zoua zoua" dans la ville de Garoua par le gouverneur Jean Abate Edi’i.
Sur le terrain, le constat est loin d’être fait. Les inconditionnels consommateurs du carburant frelaté n’ont jamais cessé de l’utiliser. « C’est un carburant très bon. C’est lourd par rapport au super qu’onnous vend dans les stations. Ma moto n’a pas de problème quand je mets le zoua zoua. Et même, ça ne fini pas aussi vite que le super », soutient Abdou conducteur de moto-taxi.
Ces conducteurs vont plus loin pour situer le caractère « indispensable » du zoua zoua dans leurs engins. « Vous imaginez que nous travaillons souvent tard dans la nuit jusqu’à 24 heures. Les stations-service ferment les pompes à 18 heures. Dans la nuit, on se sert le zoua zoua auprès de nos fournisseurs que je ne vous présente pas parce que c’est interdit », explique Mamoudou Baba .
Difficile de mettre la main sur les personnes qui constituent le réseau de fournisseurs et de distributeurs du carburant interdit. « Je nourris ma femme et mes enfants grâce à ce commerce », se défend un consommateur sous anonymat. En rappel, le quartier foulberé dans la ville de Garoua a été secoué le 31 mai 2016 par une forte explosion qui s’est ensuite transformée en un incendie. Le feu violent est venu stock des futs et des bidons de carburant en provenance du Nigeria. L’incendie qui s’est déclenché vers 15 heures a embrasé plusieurs maisons et des boutiques. Le feu qui consommait tout sur son passage a également brûlé un enfant qui habitait ce dépôt de fortune.
Le Gouverneur de la Région du Nord, Jean Abaté Edii , avait annoncé des mesures fortes contre ces trafiquants qui créent des dépôts des produits pétroliers dans les lieux d’habitations. «Au-delà des mesures prises pour que ce carburant ne soit plus vendu, nous allons faire d’autres opérations spéciales qui vont dans le sens de démanteler tout ce qui peut se trouver comme dépôt dans les différents quartiers. On ne peut pas comprendre comment dans les quartiers, les gens vivent avec des produits inflammables capables de causer du tort au reste de la population».
Le "zoua zoua", carburant en provenance du Nigéria, est vendu au-delà de la ville de Garoua. Dans les différents coins de la région du Nord, il est très pris par la population. Dans le Mayo-Louti, les multiples échanges sont faits avec le Nigéria. « Nous partageons près de 120 km avec le Nigéria. Nous avons les mêmes tribus, les mêmes ethnies, notre frontière est assez poreuse », souligne un Habitant de Guider. La décision du gouverneur Jean Abate Edi’i n’est que formelle.