Après deux jours et deux nuits passés dans les bus et autres voitures qu'ils ont empruntés venant aussi bien de Yaoundé que de l'Ouest depuis mercredi dernier, les passagers ont été incapables de faire demi tour, dans un sens comme dans l'autre.
C'Est au niveau des trois déviations situées aux alentours de la ville de Ndikiniméki que la situation est plus grave. Tous les voyageurs ou presque sont partis de leur domicile depuis des heures et, ils ne savent toujours pas à quel moment ils vont parvenir à destination. C'Est alors que faisant contre mauvaise fortune bon coeur, certains ont tant bien que mal arrangé des literies dans les bus qui les transportent, tandis que d'autres posent des nattes et "sacs de couchage", espérant trouver quelques heures de sommeil. Des dizaines de voitures sont garées dans les deux sens.
Pendant ces moments difficiles, quelques personnes ont voulu avoir au bout du fil, les responsables de l'entreprise chinoise qui fait les travaux mais en vain. C'Est aux premières heures de la matinée de vendredi que l'on a vu arriver l'un des responsables, escortés par deux gendarmes peut-être parce qu'il craignait la réaction de ces hommes et femmes à bout de patience.
Entretemps, les opportunistes ont trouvé le moyen de créer un marché spontané, proposant des produits deux fois plus chers que le prix habituel. C'Est ainsi par exemple qu'une bouteille de bière est vendue à 1500 frs, les petits beignets à 100 frs au lieu de 50, les petits paquets de cacahuètes à 150 alors qu'ils coûtent en fait 50 frs.
L'un des Caterpillars arrivés sur les lieux du "sinistre", pour décanter la situation a fini par se renverser dans une fosse, en voulant tirer le premier camion embourbé. Le moral des voyageurs, déjà très bas, en a pris un autre coup. Et, pour les personnes qui sont sur place depuis des heures, elles ont presque perdu espoir. Un état d'esprit qui a poussé les plus courageux à chercher des voies et moyens pour sortir de cette situation, tout de même incompréhensible.
L'une d'elle était la marche à pied. Une option choisie par quelques groupes de personnes qui, à l'entame de ce périple, venaient de la capitale politique du Cameroun. Ils sont revenus sur leurs pas, en portant pour certains leurs bagages sur la tête ou encore au dos. Les plus chanceux ont pu trouver les motos qu'ils ont empruntées, prêts à payer le prix fort, 6000 frs pour rallier la ville de Bafia, la plus proche pour eux. De cette ville, il leur était beaucoup plus aisé de revenir à Yaoundé et peut-être emprunté des moyens de transport pour contourner à partir de Douala avant d'arriver à l'Ouest.
La nationale 3 au Cameroun est l'une des routes les plus fréquentées mais aussi la plus dangereuse. Elle voit au fil des jours, défiler une file interminable de véhicules de toutes tailles qui avancent au ralenti, pour éviter l'énorme cratère fangeux qui déforme la chaussée et oblige les chauffeurs à se disputer une mince bande de bitume. Et pourtant, c'est l'un des paysages les plus beaux du Cameroun.
Nicole Ricci Minyem