Dans les kiosques de la capitale régionale de l’Est, seul Cameroon Tribune, le quotidien national bilingue est visible et résiste encore aux méfaits des intempéries.
Selon les revendeurs, cette pénurie est due à une rupture temporaire de la relation entre Messapresse et les revendeurs des journaux de la ville de Bertoua. Une situation qui embarrasse beaucoup de lecteurs. «Nous tirons le maximum de bonnes informations dans la presse privée. Lorsqu’elle ne nous parvient pas, on se sent sevrés et là nous sommes en marge des vraies informations du pays», se lamente un lecteur.
Il faut dire que c’est depuis le 7 août 2017 que le français Messapresse a cessé de distribuer la presse camerounaise. La société française exigeait des efforts de la Fédération des éditeurs de presse du Cameroun (Fedipresse), d’une part, et du gouvernement camerounais, d’autre part. A l’Etat, elle demandait une subvention sur la distribution des journaux et un allègement fiscal, notamment une imposition sur le bénéfice et non sur le chiffre d’affaires.
Aux éditeurs de presse, Messapresse réclamait désormais 50% sur la vente d’un journal, au lieu du taux de 40%. Cette proposition n’a pas reçu l’assentiment de la Fedipresse qui a répondu par la voix de son président, Haman Mana, patron du quotidien Le Jour : «Nous sommes dans une situation maritale où l’un des conjoints ne veut plus de l’autre. Il faut donc s’entendre sur les modalités du divorce».
Pour lui, le temps était venu «de se prendre en main par nous-mêmes et pour nous-mêmes (…) c’est une occasion pour nous de nous réapproprier le métier de distribution et de le faire en tenant compte des spécificités camerounaises».
Depuis le 2 mai 2018, c’est la Cameroon Postal Services (CAMPOST) qui s’occupe de la distribution de la collecte, de l’acheminement, de la distribution point par point, du retour des invendus et de la sécurisation des produits de la vente des journaux et périodiques au numéro.
La CAMPOST reprend ainsi une abandonnée par Messapresse depuis le 7 août 2017. Un accord a été conclu dans ce sens le 20 avril dernier entre la CAMPOST et les représentants des éditeurs de presse à travers la Coopérative pour l’édition et la distribution de la presse du Cameroun. (CEDIPRES).
Cet accord fait bénéficier aux éditeurs de tarifs postaux privilégiés, homologués par le ministre chargé des postes. Il leur garantit également un très haut niveau de qualité de service. Grâce à ce service, chaque ville peut ainsi recevoir, sur tout le territoire, les titres de presse. Cet accord est l’aboutissement de plusieurs mois d’études sur la faisabilité du projet et l’amélioration la qualité de distribution de la presse. Il vise entre autres la fiabilisation, la densification et la sécurisation de l’ensemble du processus de la distribution des journaux et périodiques.
Concrètement, dans la mise en œuvre de cet accord, les journaux édités à Yaoundé seront acheminés vers Douala et d’autres villes du pays à partir de deux points de départ. Primo, un hub créé au Centre des colis postaux à la gare ferroviaire de Yaoundé. Secundo l’imprimerie SOPECAM. Les éditeurs de Douala, quant à eux, déposeront leurs journaux à partir du hub de la Poste centrale de Bonanjo et de l’imprimerie Macacos.
Les journaux étant des produits essentiellement périssables, les départs dans les deux sens du voyage Yaoundé-Douala (ou Douala-Yaoundé) se feront entre 3h et 4h du matin de lundi à vendredi. L’enjeu: arriver à temps dans les kiosques et points de vente dans les deux principales métropoles du pays.
Liliane N.