A dix jours de la rentrée, librairies et points de vente sont peu achalandés au grand dam des parents qui s’impatientent.
La pénurie de manuels scolaires se fait ressentir sur le marché à la veille de la rentrée scolaire le 3 septembre 2018. A Douala, les parents ne savent plus où dénicher le précieux sésame. « Aucun livre trouvé depuis deux semaines », se plaint désespérément Francis, rencontré au lieu dit « Douala Bar » haut lieu de vente des matériels scolaires à Douala.
Pour ce parent de six enfants, c’est la « galère » ! Rencontrée un peu plus loin au Carrefour Ndokoti, toujours dans la cité économique, Rachelle exprime le même désarroi. A la recherche de six manuels pour ses deux gosses admis respectivement en 6ème et en 5ème, elle n’en a trouvé que deux au bout de plusieurs recherches.
C’est qu’à l’approche de la rentrée, la pénurie des manuels scolaires au programme est criarde à Douala. Ce serait le cas dans tout le pays selon des sources. Pour l’instant, les libraires vendent les manuels disponibles en attendant leur totalité. Pourtant le gouvernement avait assuré de la disponibilité du manuel scolaire avant la rentrée.
Face à la persistance de la pénurie, le ministre des Finances (MINFI), Louis Paul Motaze avait commis un communiqué la semaine dernière pour demander aux principaux secteurs de la douane du pays « d’ouvrir exceptionnellement», et ce, depuis le 18 août 2018, les jours éventuellement déclarés fériés du mois d’août en cours en vue de permettre aux importateurs de manuels scolaires de procéder aux opérations de dédouanement de ces ouvrages.
Mais presqu’une semaine après le communiqué du MINFI, les manuels restent toujours indisponibles dans leur globalité. Il y a quelques semaines, le Conseil national d’agrément des manuels scolaires et des matériels didactiques (Cnamsmd) avait annoncé que les 1428 ouvrages proposés par 103 éditeurs, dans les deux sous-systèmes éducatifs anglophone et francophone, de la maternelle au secondaire, seraient disponibles dans les délais.
Son secrétaire permanent a assuré que tous les livres seront disponibles dès le 27 août 2018. Président national du Syndicat des libraires et papetiers du Cameroun (Synalipac), Apollinaire Ngassa explique l’indisponibilité du livre par le retard pris pour l’homologation des ouvrages au programme, qui selon la règlementation doit intervenir «au plus tard cinq mois avant la rentrée scolaire».
Or, pour cette année, regrette-t-il, ce n’est que le 13 juin que la liste des manuels pour l’année à venir a été homologuée, un délai jugé court pour permettre aux éditeurs, dont beaucoup sont à l’étranger, de confectionner les ouvrages homologués, de les faire embraquer, de les dédouaner, de les décharger avant leur mise sur le marché.
La rentrée 2018-2019 consacrera la réforme du secteur du manuel scolaire au Cameroun, prescrite par la Banque mondiale et qui verra la réintroduction du livre unique dans les programmes en lieu et place d’une pléthore d’ouvrages, souvent pour une même discipline et à des coûts inabordables pour les couches défavorisées.