Les mesures annoncées par le Chef de l’Etat pour recaser les sinistrés sont visiblement restées sans effet depuis 6 ans dans cette partie du pays.Alors que les fortes pluies s’abattent dans la ville de Garoua, les familles sinistrées des inondations de 2012 devraient en effet occuper les villages environnant de Pitoa, Wantoumi au pied du mont Tinguelin, selon les conclusions faites en 2012 par le ministre des Domaines et des Affaires foncières qui effectuait une visite sur ces différents sites.
Dès lors, des réunions de sensibilisation avec les familles sinistrées se sont succédées sous l’égide du sous-préfet de Garoua 2 avec pour seul point à l’ordre du jour le recasement des sinistrés des quartiers suscités. Jusqu’à la date du 15 Aout 2018, ces familles occupent encore leurs anciennes maisons avec la peur permanente de vivre des situations périlleuses comme ce fut le cas il y’a six ans.
Selon des informations recueillies auprès du représentant des familles, une cinquantaine étaient d’abord recasée au camp de Takasko par le Haut-commissariat des refugies et la Croix rouge camerounaise, à huit kilomètres au nord-est du centre-ville. Elles ont été plus tard déguerpies du camp en question pour attendre ce fameux recasement.
Le site de Wantoumi pour le quel ces familles sont destinées n’est pas encore aménagé et n’est pas celui que souhaitent occuper ces anciens sinistrés en raison de son éloignement du centre-ville. Ces familles tenant compte de l’évolution de la situation actuelle sont condamnées à vivre dans ses quartiers jusqu’à ce que chose promise soit due.
Malgré les fortes pluies qui s’abattent en ce mois d’août, un flou total règne sur un possible recasement. Et de ce fait, ces familles sinistrées restent aux abois tout en demandant au bon Dieu de ne plus permettre que la situation vécue en 2012 se répète.
Du côté des autorités administratives, cette question de gestion préventive des inondations liés aux risques que courent les populations et surtout celles des quartiers dits à risque -principalement celles habitant aux abords de la rive gauche de la Bénoué – n’est pas une priorité au regard des plaintes récurrentes sans suite jusque-là des familles en situation de détresse.
Mais aussi, aucune assise d’envergure pour évoquer cette situation annonciatrice de circonstances embarrassantes n’est envisagée. Et pourtant, ces autorités s’inquiètent déjà du risque que courent les populations par rapport à l’épidémie du choléra pour laquelle les situations d’inondations sont propices.
Le spectre malheureux de 2012 (des pertes matérielles, des hectares de cultures vivrières dévastées et même des pertes en vies humaines) n’est donc pas loin. Le contraire est encore possible par une réaction musclée des autorités pour l’aménagement des sites préalablement choisis pour le recassent des sinistrés. Ceci n’est pas un problème d’argent, mais plutôt un problème de volonté réelle.
Des risques sont permanents et le danger plane sur la population. Certains n’hésitent pas à construire au bas de grosses pierres qui surplombent leur domicile et suspendues sur les toits des bâtiments. Les habitants des bas-fonds et des zones de marécages quant à eux vivent le pire des inondations chaque année en saison pluvieuse.
Au quartier Lidiré, non loin de l’école Bénoué où la zone agricole est peuplée de maisons, l’on ne vit plus que sur le qui-vive au moindre coup de tonnerre. «
Ici nous sommes à chaque goutte de pluie, débordée par les eaux de la rivière. L’année dernière au mois d’août l’eau a envahi toute notre maison, tous les meubles ont été engloutis dans les eaux. Les diplômes et actes de naissance de mes enfants ont été détruits. Nous étions obligés de quitter la maison pour aller passer la nuit ailleurs», argue Fadimatou Sadou, une mère en détresse.
Toutefois après le passage des vagues d’eau, Fadimatou Sadou et ses enfants avaient regagné leur demeure dans lequel ils mènent toujours leur vie, attendant le jour j et laissant ainsi leur sort à la providence.