Pour les membres de l’Association des parents d’élèves et enseignants (APEE) de cet établissement scolaire, cette décision ne revient pas au proviseur.Au lycée d’Emana logé à Yaoundé, les parents et les enseignants membres de l’APEE souhaitent décider eux-mêmes de la gestion de leurs fonds. Dans cette gestion ils entendent l’utilisation et la fixation du montant à payer par chaque parent d’élève. Un souhait auquel visiblement s’oppose le proviseur de cet établissement scolaire. Depuis le début de la rentrée des classes qui a eu lieu le 3 septembre 2018, la note signée par le chef d’établissement au sujet des fonds de l’APEE suscite la polémique. «
Les parents du lycée d’Emana ont été surpris par un communiqué de madame le proviseur augmentant les frais de l’APE de 20 000 à 27 500 et à 50 000 FCFA dans certaines classes comme la Terminale. L’APEE c’est une association privée. C’est elle qui décide du montant des contributions. Ce n’est pas le chef d’établissement», a expliqué un enseignant à l’édition du journal télévisé de la mi-journée du 12 septembre 2018 de Vision 4.
La situation ci-haut décriée est d’actualité dans plusieurs établissements du Cameroun. Et c’est en fait une guéguerre qui perdure. Les proviseurs n’arrivent toujours pas à trouver un terrain d’entente avec les parents et les enseignants, quand il s’agit de la gestion des fonds de l’APEE. Interviewé par Vision 4, Emmanuel Packo le vice-président national de l’Association des parents d’élèves et enseignants a tenté de présenter ce qui fâche. «
Les proviseurs veulent contrôler l’argent des APEE et vous conviendrez avec moi que ça ne peut pas marcher. L’APEE peut se dire que nous avons un fonds. Mais comment se peut-il que ce soit les chefs d’établissements qui nous disent comment, il faut les dépenser…Moi également, j’ai fait face à ce genre de problème où à un moment où j’ai pris fonction comme président, il m’a été rétorqué qu’au niveau du Trésor où nos fonds sont logés, on ne reconnaissait pas la signature des présidents des APEE. On ne reconnaissait que la signature des fonctionnaires».
La situation étant délicate, les responsables de l’éducation qui doivent intervenir préfèrent garder le silence. Toutefois, si on s’en tient aux textes, les deux entités sont complémentaires. L’Association des parents d’élèves et enseignants vient en appui à l’établissement pour les besoins de son fonctionnement en tant qu’association privée. Il y a deux textes qui régissent les APEE. Ils sont de deux ordres à savoir un décret présidentiel qui parle des «
contributions volontaires des APEE» qui sont classées comme des deniers publics et deux circulaires du ministère des enseignements secondaires qui rendent paradoxalement ces contributions obligatoires. En principe et en droit, un décret est au-dessus de la circulaire. «
Très peu de chef d’établissement respecte cette procédure. La plupart veut s’ériger en gestionnaire, en ordonnateur de fonds de l’APEE. Ce qui n’est pas prévu par la loi… Depuis la mise en œuvre de la loi du Président, le règlement est en violation. Parce que ce texte-là, ça rend les frais obligatoires et décide même un peu de comment on va l’utiliser», explique Emmanuel Packo.
Même si les membres de l’APEE ont souvent eu à se demander où vont les fonds qui sortent de leurs poches, dans certains établissements les réalisations sont visibles. C’est le cas du lycée de la cité des palmiers à Douala. Là-bas l’association privée a offert à l’Etat 10 salles de classe estimées à plus de 93 millions FCFA. Face aux problèmes d’effectifs pléthoriques dudit lycée, l’APEE de cet établissement public a décidé d’engager depuis 2013, un chantier de construction de nouvelles salles de classe. L’association a rétrocédé à l’Etat un bâtiment d’un niveau (R+1) de 10 salles de classe sur fonds propres. La cérémonie de rétrocession a eu lieu ce 9 juin en présence de toute la communauté éducative de l’établissement et du sous-préfet de Douala 5.
Liliane Ngon