Dans un communiqué publié lundi 15 octobre, le ministre délégué au ministère des Relations extérieures, Felix Mbayu, a déploré le battage médiatique sur la situation des filles camerounaises asservies au Koweït, qui, selon lui, devrait être protégé plutôt que de bénéficier d'une large couverture médiatique les exposant au danger des réseaux des trafiquants d’êtres humains.
Une déclaration contraire à l’opinion de ces dames qui, à leur arrivée à l’aéroport international de Douala le dimanche 14 octobre, ont remercié les médias d’avoir mis au premier plan leurs conditions de détresse pour aboutir à un résultat positif.
Dans une deuxième vidéo diffusée sur les médias sociaux, Tikum Sydonie et Elizerbert Nanje Wasse, deux des 12 filles camerounaises encore emprisonnées dans l'esclavage au Koweït, ont exprimé leur immense gratitude aux médias et aux personnes de bonne volonté pour leur soutien, qui, selon eux, porte des fruits.
Tikum Sydonie, qui est attendue au Cameroun prochainement, a déclaré que son vol et tous les autres arrangements nécessaires avaient été rendus possibles par une ONG dont elle n’a pas cité le nom.
De manière surprenante, le ministre a accusé des organisations non gouvernementales d'utiliser la situation de détresse des filles à des fins égoïstes. Elisabeth Nanje Wasse sur cette même vidéo a déclaré qu'on leur avait promis une aide, qui ne serait jamais arrivée, bien qu'elle n'ait pas précisé qui leur avait promis. Elle est allée plus loin pour remercier le grand public de l'avoir aidé au moment où ils avaient le plus besoin d'aide.
Cependant, il est allégué que les filles avaient tenté à plusieurs reprises de faire appel au gouvernement, sans succès, jusqu'au moment où la vidéo audacieuse, relatant leur calvaire, a été reprise par la presse.
Certaines familles affirment qu’elles ont déboursé beaucoup d’argent pour obtenir la libération de leurs progénitures. Ainsi, le gouvernement camerounais qui s’était engagé le 25 septembre 2018, en pleine campagne électorale à faciliter le retour de toutes les camerounaises en difficulté au Koweït au plus tard le 10 octobre, n’aurait donc pas tenu parole, une semaine après l’élection présidentielle du 07 octobre 2018.
Le ministère des Relations extérieures a condamné la situation et a promis d'amères journées aux trafiquants de réseau qui auraient extorqué de l'argent aux victimes en leur promettant de faux emplois à l'étranger. Il a ajouté que certains d'entre eux sont déjà tombés dans le filet de la loi.
Le gouvernement a également saisi cette occasion pour appeler les jeunes à faire preuve de vigilance et à éviter les invitations attrayantes d'un réseau de traite des êtres humains qui les incite à envisager une migration facile, couronnée d'emplois facilement disponibles à l'étranger.
Beaucoup pensent que le gouvernement devrait plutôt se concentrer sur les facteurs d'incitation et améliorer les chances de réussite des jeunes du pays, certaines filles étant diplômées.
Avec l’arrivée de huit de ces filles à l’aéroport international de Douala le dimanche 14 octobre 3018, environ 12 personnes se trouvent encore au Koweït, placées dans des conditions inhumaines.
Le gouvernement a annoncé qu'il travaillait sur un projet à grande échelle visant à rapatrier tous les Camerounais au Koweït.
Otric N.