Le sujet était au centre de l’audience accordée ce 29 janvier 2019 à Yaoundé par le Ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi au coordonnateur résident du système des Nations-Unies au Cameroun, Allegra Maria Del Pilar Baïocchi.
Visite de courtoisie et de souhait de meilleurs vœux au Ministre de la Communication par le Coordonnateur résident du Système des Nations-Unies au Cameroun ce 29 janvier. Occasion pour Allegra Maria Del Pilar Baïocchi d’échanger avec René Emmanuel Sadi sur des sujets d’intérêt commun. Les deux personnalités ont passé en revue les principaux chantiers de la communication au Cameroun.
Selon la CRTV, le média public, cette première audience accordée par le ministre de la Communication au Coordonnateur résident du système des Nations-Unies au Cameroun était brève. Mais dense en termes de contenu. Face à la presse, Allegra Maria Del Pilar Baïocchi a confié: «Nous avons parlé du passage au numérique ». Mais aussi, de « l’importance de bien communiquer» surtout dans un contexte de prolifération de Fake News.
Madame le Coordonnateur a davantage insisté sur la nécessité de l’anticipation en situation de crise. Car, «la recherche de la vérité, créé la confiance au sein de la population», a-t-elle poursuivi. Également à l’ordre du jour les questions liées à la liberté de la presse ainsi que la responsabilité sociétale des journalistes. Des préoccupations d’actualité au Cameroun au regard des menaces sécuritaires multiformes que traverse le pays.
Selon le nombreuses ONG, notamment Reporter Sans Frontières (RSF), les autorités camerounaises font régner une atmosphère de crainte et d’autocensure sur les médias locaux. De nombreuses radios n’ont toujours pas reçu leur agrément définitif, technique largement utilisée par le gouvernement pour les garder sous la menace permanente d’une fermeture.
Autre pratique récemment observée: «la poursuite des journalistes pour diffamation sans qu’ils en soient avertis. Ces derniers se retrouvent ainsi condamnés à des amendes exorbitantes ou à des peines de prison sans avoir jamais pu se défendre devant un tribunal».
Par ailleurs, estime RSF, «la loi antiterroriste de 2014 prévoit de traduire les prévenus devant les tribunaux militaires ; elle a été utilisée pour justifier le maintien du correspondant de RFI en prison pendant près de deux ans et demi. D’autres journalistes ont été arrêtés lors de la répression des manifestations dans les régions anglophones du pays où, à partir de janvier 2017, Internet a été coupé pendant plusieurs mois».
Il y a quelques jours encore, deux reporters d’un quotidien ont été arrêtés alors qu’ils couvraient une réunion politique de l’opposition à Douala. Théodore Tchopa et David Eyengue, journalistes pour le grand quotidien privé Le Jour et par ailleurs membres du syndicat national des journalistes camerounais (SNJC), ont été arrêtés lundi soir à Douala, la capitale économique du Cameroun, alors qu’ils couvraient une réunion politique au domicile d’un proche de Maurice Kamto. Le candidat arrivé deuxième à l’élection présidentielle d’octobre 2018 et qui conteste la réélection de Paul Biya pour un septième mandat a également été arrêté à cette occasion à l’instar de plusieurs de ses soutiens.
Selon le syndicat national des journalistes du Cameroun, ces deux reporters ont été «confondus» avec des cadres et des militants de l’opposition arrêtés lundi soir au même endroit. Le SNJC précise que les journalistes qui étaient «en plein exercice de leur fonction» ont été transférés pendant la nuit à délégation régionale de la police judiciaire de Yaoundé.