L'Afrique et l'Union Européenne (UE) doivent mettre en place un partenariat novateur pour le développement du secteur agricole et agroalimentaire, favorisant plus particulièrement les petites et moyennes exploitations et le développement durable, estime le groupe de travail créé à l'initiative de la Commission européenne.
La «task force» pour l'Afrique rurale, lancée au mois de mai, a rendu ce mardi ses premières recommandations à l'occasion du sommet UE-Afrique organisé à Vienne, en Autriche, a annoncé la Commission dans un communiqué. Son rapport complet sera publié en début d'année 2019, avec pour objectif de stimuler les revenus et les emplois dans les secteurs agricole et agroalimentaire en Afrique.
Parmi les principales suggestions soumises à la Commission européenne, rapporte l’AFP, le groupe composé d'experts indépendants venus à la fois d'Afrique et d'Europe, prescrit une approche locale, intégrant le respect de l'environnement et une gestion durable des ressources naturelles. Le partenariat se nouerait notamment entre agriculteurs ou par des échanges d'étudiants en agronomie, entre entreprises ou encore entre gouvernements.
La task force estime également que les échanges commerciaux dans l'agroalimentaire doivent être développés entre pays africains au lieu de privilégier les exportations, en créant des normes communes et en mettant en place des contrôles de qualité par exemple. Il faudra également améliorer l'accès aux financements privés et aux instruments de coopération de l'UE pour les petites et moyennes exploitations, selon elle.
En effet, la relance des investissements dans les zones rurales d’Afrique permettrait de créer les millions d’emplois tant attendus et d’améliorer la sécurité alimentaire et la résistance à la crise.
La croissance économique reste vigoureuse dans les pays africains, mais la région a connu une hausse constante de l’extrême pauvreté et sa concentration dans les régions rurales. Deux tiers de la population africaine vivent et travaillent dans les zones rurales qui offrent de vastes terres cultivables et l’agriculture représente 65 pour cent des emplois en Afrique subsaharienne.
Pourtant, les zones rurales ont été sous-évaluées par les gouvernements, les bailleurs internationaux du développement et les conseillers politiques. De ce fait, la production alimentaire par tête n’a guère augmenté au cours des 50 dernières années; l’agriculture ne représente que 17 pour cent du PIB subsaharien et sa productivité est faible voire recule. Il n’est donc pas surprenant que plus de 60 pour cent de la population rurale vivent dans l’extrême pauvreté, et que beaucoup d’entre eux partent vers les villes où ils rejoignent souvent les rangs des chômeurs ou de la main-d’œuvre informelle.
Dynamiser l’agriculture et construire autour d’elle une économie rurale forte est vital pour l’Afrique. Si les choses sont correctement faites, cela pourrait créer les millions d’emplois tant recherchés et des richesses, favoriser l’intégration, la sécurité alimentaire, la résistance à la crise et la paix sociale et politique.
L’organisation internationale du travail (OIT) s’occupe activement du travail rural depuis les années 1920, avec une attention croissante à l’Afrique. En 2008, la Conférence internationale du Travail a adopté une résolution sur l’emploi rural pour la réduction de la pauvreté qui a ouvert la voie à un programme de l’OIT sur l’emploi rural et le travail décent (2009-2013) et à la déclaration en 2013 de la «Promotion du travail décent dans l’économie rurale» comme domaine de première importance pour l’Organisation.
L’un des principaux enseignements des travaux ruraux de l’OIT est de reconnaître que les communautés rurales ont beaucoup de potentiel et que les investissements peuvent renforcer leur autonomie grâce à des approches intégrées.
Otric N.