Pour le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, les diffuseurs des deux vidéos d’exécutions sommaires de l’armée camerounaise sont mal intentionnés, parce que les deux vidéos ont été tournées entre 2014 et 2016 éventuellement. Cela signifie qu’ils détenaient ces enregistrements.
Issa Tchiroma pense que s’ils étaient de bonne foi, ils auraient remis au commandement militaire ces enregistrements afin de lui permettre de mener des investigations et des enquêtes pour identifier éventuellement tous ceux qui seraient à l’origine de ces crimes odieux et abominables.
Le ministre de la Communication s’explique sur son rétropédalage au sujet de la première vidéo présentant des militaires camerounais en train d’abattre sommairement des femmes et leurs enfants dans la région de l’Extrême-Nord. Issa Tchiroma s’est expliqué dans une interview accordée à Cameroon Tribune du vendredi 17 août 2018.
«C’est à l’occasion de l’une des batailles que nos forces de défense et de sécurité livraient là-bas, que la première vidéo a été tournée. Cette vidéo pointe un doigt accusateur sur des éléments de nos forces de défense et de sécurité, les deux militaires qui, de manière inacceptable, brutale et ignominieuse, ont abattu deux femmes et leurs enfants. Amnesty International accuse ceux-là d’appartenir à nos forces de défense et de sécurité.
Dès que le gouvernement a pris connaissance de l’existence de cette vidéo, je suis monté au créneau pour contester, pour la bonne et simple raison qu’Amnesty International ne nous a pas fourni de preuves concrètes et irréfutables de l’appartenance de ces deux militaires à nos forces de défense et de sécurité. En tant que porteur de la parole du gouvernement, aussi longtemps que je n’aurai pas de preuve établies par le haut commandement, la prudence recommandée m’amène simplement à dire que nous rejetons jusqu’à ce qu’on nous fournisse des preuves incontestables de l’origine de ceux qui ont perpétré ces forfaits.
Dans la déclaration, c’est ce que j’ai dit. J’ai poursuivi en disant que le président de la République a demandé l’ouverture d’une enquête. Une enquête menée de manière sérieuse, profonde pour établir, éventuellement, les responsables de cet assassinat barbare. Et s’il était établi que c’était des Camerounais, qu’on les traduise devant les tribunaux, pour qu’ils subissent à hauteur du forfait qu’ils ont commis, les conséquences de leurs actes.
Lorsque j’ai commis le communiqué qui sanctionne la fin des enquêtes et des investigations, par lequel j’ai annoncé l’arrestation de sept personnes, c’est le résultat de l’enquête menée par une commission mise en place par le haut commandement militaire. Les pourfendeurs du gouvernement, à l’apparition de ce communiqué, m’accusent d’avoir été pris en flagrant délit de mensonge.
Moi, je les accuse de manque de rationalité et d’objectivité. Tout ce que j’ai fait reste dans le domaine de la rationalité. On vous accuse sans fournir de preuve, vous rejetez. On organise une enquête, elle livre ses résultats, vous annoncez ses résultats. On n’a pas pris Tchiroma en flagrant délit de mensonge ou de manipulation. C’est plutôt eux qui ont fait un procès en sorcellerie au gouvernement et en particulier à Tchiroma.
S’agissant de la deuxième vidéo, le gouvernement prend acte de son existence. Conformément et en application des instructions données par le chef de l’Etat, qui consistent à dire que chaque fois qu’une accusation est formulée à l’encontre de nos forces de défense et de sécurité, quelle que soit la raison, que le haut commandement se saisisse de cette accusation, mène des investigations sérieuses au terme desquelles les résultats seront publiés. Une enquête est donc ouverte pour cette deuxième vidéo. Attendons les résultats de cette deuxième vidéo pour voir de quoi cela procède».