Alors que le délai de livraison de la première phase longue de 60 km est dépassé de deux mois, les populations refusent de libérer les emprises du projet entre les points kilométriques 40 et 60, faute d’indemnisations.
Le gouvernement continue à se hâter lentement quant à la conduite de certains projets d’infrastructures inscrits dans le programme des « Grandes réalisations » que Paul Biya avait présenté au peuple camerounais en vue de sa réélection au poste de président de la République, pour le septennat 2011-2018. C’est le cas avec l’autoroute Yaoundé-Douala, d’un coût global de 284 milliards FCFA, et dont les travaux de la première phase avaient été lancés en janvier 2014.
Alors que les délais de consommation sont épuisés depuis deux mois, le chantier connaît une énième perturbation en ce moment. Les travaux sont à l’arrêt, obligeant ainsi l’adjudicataire du contrat, la société China First Highway Engineering Co Ltd (CFHEC), à se tourner les pouces. Pour combien de temps, s’interroge le journal Eco Matin qui fait échos de cette situtaion.
Sur les antennes du poste national de la Cameroon Radio Television (Crtv), le 24 janvier dernier, le ministre des Travaux publics (Mintp), Emmanuel Nganou Djoumessi, a étonnamment minoré la gravité de cette situation pour un projet qui, s’il est mené à terme, restera gravé dans le marbre comme l’une des plus grandes réalisations du « Renouveau ».
« Je dois reconnaître qu’entre les points kilométriques 40 et 60, nous connaissons du retard dans l’exécution des travaux parce que les emprises ne sont pas libérées. Les populations bénéficiaires des indemnisations résultant de la destruction de leurs biens ne sont toujours pas payées. Mais, des mesures viennent d’être prises pour que ces populations soient payées, et je pense que nous allons dès lors accélérer les travaux et conduire les voies de raccordement de Bibodi sur 25 kilomètres pour retrouver la route Nationale no 3 », a indiqué le Mintp.
On doit à la vérité de dire que c’est du déjà entendu. En visite sur ce même chantier, le 24 septembre 2018, l’ex-ministre délégué à la présidence de la République chargé des Marchés publics, Abba Sadou, avait tenu pratiquement les mêmes propos au sujet de l’ « épineux problème de l’occupation des emprises du chantier », et même celui du paiement des décomptes de l’entreprise CFHEC, qui continue de se poser.
« Nous allons nous atteler à résoudre cette situation pour permettre à l’entreprise d’achever les travaux, même si pour cela il faudra certainement un autre avenant », avait promis l’ex-membre du gouvernement. Quatre mois plus tôt, le 03 mai 2018, Emmanuel Nganou Djoumessi lui-même était allé annoncer la bonne nouvelle aux populations riveraines de ce chantier.
« Je suis heureux de vous annoncer que le décret qui accorde les compensations aux différents bénéficiaires est signé. Je donne rendez-vous aux populations à indemniser la semaine prochaine parce que tout a été mis en œuvre pour que les ressources soient dégagées », avait juré le ministre.
Pour mémoire, les travaux de l’autoroute Yaoundé-Douala, d’un linéaire total de 215 kilomètres, sont financés à hauteur de 241 milliards Fcfa par Eximbank China.