C'est curieux peut-être, mais en même temps c'est une réalité, cette boisson locale se prend à presque tous les niveaux. Cabarets ou domiciles servent de points de vente.
Très prisé dans cette partie du pays, le "bili-bili" est fabriqué à base de céréales (mil rouge, maïs, sorgho). De par son goût spécial, il a fini par s'imposer comme boisson la plus consommée par les populations locales à les en croire. Servi généralement dans une calebasse, le "bili-bili" est vendu dans des cabarets et parfois même dans certains domiciles. Il est souvent aussi offert gratuitement lors des cérémonies comme le mariage, les deuils, les obsèques etc. Les inconditionnels de cette boisson se lancent à l'assaut à longueur de journée.
Un matin à 6 heures, nous sommes dans un domicile de la place. Une vendeuse de "bili-bili" est confortablement assise devant un pot plein de vin. Une des choses qui frappent l'oeil les mousses qui débordent ledit pot. La vendeuse plus connue sous le nom de "dada bili-bili", dessert les nombreux clients venus s'abreuver à la source. Dans les rangs de ces buveurs, Hassana Moulda: "le bili-bili est notre vin favori à Garoua. Ce qui est particulier dans ce vin, c'est qu'il est naturel. Nous la consommons ici sans modération, surtout entre proches".
Cependant, les conditions d'hygiène dans et autour des lieux de vente laissent parfois à désirer. Tenez par exemple, une vendeuse qui ne dispose à côté d'elle que d'une seule bassine d'eau servant de source pour le lavage de mille et une calebasses, une même eau pouvant être utilisée pour tout le processus. En outre, une calebasse est de fois utilisée par plusieurs personnes. Dans un tel contexte, l'insalubrité s'invite et les maladies liées à la saleté font leur lit. C'est le cas du choléra qui est récurremment décrié à Garoua et dont ces lieux de buvette sont très souvent considérés comme vecteurs de propagation de la maladie.
Innocent D.H