L’assassinat du chef traditionnel d’Ekondo Titi (Sud-Ouest), ce week-end, a relancé la question de l’état sécuritaire des zones anglophones à l’approche des élections. A Elecam, on assure avoir pris les mesures qui s’imposent.La crise sécuritaire qui secoue les régions anglophones du Cameroun a franchi un nouveau palier ce week-end. Ce dimanche 12 août, le chef d’Ekondo Titi a été abattu dans des circonstances jamais observées jusqu’alors.
Selon des sources concordantes, en effet, les assassins de Chief Esoh Itoh ont débarqué en pleine messe. Ils ont sorti l’intéressé du culte qui était en cours, avant de le tuer par balles. Selon les mêmes sources, les auteurs de ce crime seraient des activistes sécessionnistes.
Le décès du chef traditionnel vient relancer le débat sur les conditions de déroulement de la prochaine présidentielle en zone anglophone. Depuis le début du mois d’août seulement, au moins six gendarmes et deux civils ont trouvé la mort dans des affrontements entre forces de défense et sécessionnistes. Les populations, apeurées, continuent de fuir les combats. Et celles qui restent ne font pas de la participation au vote leur priorité.
A Bamenda, par exemple, les militants sécessionnistes ont promis des représailles à tous ceux qui prendront part au scrutin. Des témoignages soutiennent que plusieurs citoyens ont été dépouillés de leurs cartes d’électeurs dans des checkpoints installés par les sécessionnistes. «La participation sera faible si rien n’est fait. Les bureaux de vote installés à Up station [le quartier administratif de la ville, Ndlr] n’auront pas de problème, mais pour le reste de la ville, ce sera difficile que le vote se déroule normalement», indique un journaliste local ayant requis l’anonymat.Délocalisation des bureaux de voteAu sein de l’organe en charge des élections, la préoccupation est aussi à l’ordre du jour. Mais ici, l’on estime que la question de la sécurité le jour du vote incombe au gouvernement. C’est du moins ce qu’a révélé le directeur général adjoint d’Elecam, Abdoulkarimou, au cours d’une communication vendredi dernier.
«La situation particulière du Nord-Ouest et du Sud-Ouest incombe directement au gouvernement. Elecam organise les élections, le gouvernement l’accompagne. Nous avons des bureaux de vote dans toutes ces zones-là et nous allons certainement délocaliser certains bureaux de vote. C’est ce qu’on appelle délocalisation administrative. Nous y travaillons et nous n’allons pas organiser des élections et mettre les acteurs du processus et les électeurs eux-mêmes en danger parce qu’il faut que les élections aient lieu».
Les partis politiques n’ont pas détaillé comment ils comptent se déployer dans ces zones et exposr leur programme politiques aux citoyens de ces régions. Lors du dernier comité executif national (NEC) du SDF, l’ancien sénateur Etienne Sonkeng, trésorier dudit parti, a affirmé que le SDF avait un plan «pour atteindre les masses dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest», sans donner plus de précisions.
A huit semaines de l’élection, la sécurité demeure la grande inconnue de ce processus qui désignera le prochain président de la République du Cameroun.