Une pléthore d’Organisations non gouvernementales (Ong) de défense des droits humains et associations appellent incessamment le Gouvernement camerounais à faire la lumière sur la mort de Samuel Wazizi. Il s’agit de la nécessité pour l’Etat du Cameroun de mettre en œuvre une enquête indépendante sur la disparition forcée et le décès en détention d’un journaliste. Cette enquête devrait être efficace approfondie et impartiales souhaitent unanimement ces entités.
Ce sont au total quatre organisations camerounaises et six organisations internationales qui plaident en faveur de la mise en œuvre d’une enquête transparente sur la disparition du journaliste Samuel Ajiekah Abuwe, connu sous le nom de Wazizi. Ainsi, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU devraient appeler à l’établissement des responsabilités concernant les conditions de la détention et de la mort de ce journaliste, lors de leur réunion du 12 juin 2020, portant sur le Cameroun, avec le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA).
Rappel des faits
En effet, de sources dignes de foi, le 02 août 2019 à Beua, dans la région du Sud-Ouest, la police a procédé à l’arrestation de Wazizi, un journaliste anglophone âgé de 36 ans de la chaîne privée Chillen Muzik and TV (CMTV). Il a été transféré en date du 07 août dans une installation militaire de la même ville. Dans la foulée, des médias camerounais et internationaux, ainsi que Reporters sans frontières et le Syndicat national des journalistes camerounais ont dit avoir appris que Wazizi était mort en détention après avoir été torturé, à une date indéterminée.
L’on apprend que le transfert de Wazizi le 07 août dans une installation militaire était la dernière fois qu’un membre de sa famille, des amis, des collègues ou des avocats l’ont vu ou ont obtenu des autorités la moindre information sur le sort qui lui était réservé. Accusé de « collaboration avec les séparatistes », il n’a été inculpé d’aucune infraction avant sa disparition selon les explications de ses avocats.
Les autorités camerounaises n’ont fait aucune déclaration officielle sur la mort de Wazizi, et jusqu’au 05 juin 2020 n’ont pas répondu aux multiples demandes d’informations déposées par les avocats de Wazizi, des organisations telles que le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), et des journalistes de Radio France Internationale. C’est à ce titre que Cyrille Bechon, directrice exécutive de l’Organisation Nouveaux Droits de l’Homme-Cameroun a déclaré, « Il a fallu au gouvernement dix mois après la disparition forcée de Wazizi pour reconnaître sa mort en détention, et les autorités ne l’ont fait qu’à la suite de fortes pressions nationales et internationales ». Elle ajoute par ailleurs, « les autorités camerounaises étaient responsables de sa vie et de sa sécurité pendant sa détention et doivent fournir un compte rendu complet des circonstances de sa mort ».
Le 05 juin dernier, l’ambassadeur de France au Cameroun a déclaré aux médias que le Président Paul Biya lui avait assuré qu’une enquête serait ouverte sur la mort de Wazizi. La déclaration du diplomate français a été faite le même jour que celle du porte-parole de l’armée camerounaise, le colonel Serges Cyrille Atonfack. Celui-ci avait annoncé que Wazizi était décédé d’un grave sepsis le 17 août 2019 à l’hôpital militaire de Yaoundé.
Les propositions du REDHAC
Le Réseau des défenseurs des droits de l’homme (Redhac) pour sa part, a fait savoir par la voix de sa directrice, Maximilienne Ngo Mbe, « s’agissant du respect des droits humains, les membres du Conseil de sécurité de l’Onu et les partenaires internationaux du Cameroun devraient prendre position et s’exprimer ». « Ils devraient exiger des comptes pour la mort de Wazizi. Ouvrir une enquête approfondie, impartiale et transparente sur la mort de Wazizi, c’est la moindre des choses que le Gouvernement camerounais pourrait faire pour démontrer que son engagement à protéger la fragile liberté des médias du pays n’est pas vaine », demande en outre le Redhac.
Innocent D H