La ville de Ngaoundéré fait face à l’insécurité qui prend de l’ampleur. Le kidnapping ou la prise d’otage avec demande de rançon autrefois pratiquée dans les villages environnants où se trouvent les bergers avec leurs troupeaux, s’installe dans le centre urbain. Il ne se passe plus un mois sans qu’on entende parler d’enlèvement d’enfant ou d’adolescent avec demande de rançon.Les troubles sociopolitiques dans les pays voisins du Cameroun frontaliers à la région de l’Adamaoua ont permis la circulation des armes légères et de moyens calibres, favorisant ainsi la multiplication des actes d’insécurité tant au niveau du centre urbain que dans les localités reculées de la région.
Autrefois, les cibles des hors la loi étaient les bergers et leurs familles. Avec la «chasse à l’homme» organisée chaque fois par les éléments de la 31è Brigade d’Infanterie Motorisée (BRIM) de Ngaoundéré, avec des résultats satisfaisants jusqu’ici, ce sont les populations des zones urbaines qui sont dorénavant dans le viseur de ces brigands. Selon le gouverneur de la région de l’Adamaoua, Kildadi Taguiéké Boukar, ces «bandits» opèrent avec la complicité de certains proches de la famille.
Dans le centre urbain, c’est généralement sur les enfants ou les adolescents dont ils connaissent bien la famille que leurs choix sont portés. Une fois en possession de leur otage, ils procèdent par des correspondances téléphoniques ou écrites qu’ils adressent au responsable de la famille pour exiger la rançon, qui très souvent est hors de portée. S’en suit parfois de menaces visant à tuer l’otage si la rançon n’est pas versée dans le délai prescrit.
Le dernier acte dans la ville est celui de l’enlèvement du petit Moubarak Bobbo Mamoudou, âgé tout juste de deux ans et deux mois. Selon Bia Mohamadou, père de l’enfant, «
mon enfant a disparu de la maison dimanche soir (le 12 août 2018). C’est autour de 17h qu’on m’a informé qu’il y a un monsieur qui s’appelle Awwalou qui a pris l’enfant et s’est enfui». Le corps sans vie de l’enfant a été retrouvé 3 jours plus tard à quelques kilomètres de la maison près d’un mayo, attaché à un arbre les pieds dans l’eau.
Rattrapé par les éléments du Bataillon d’Intervention Rapide de Ngaoundéré, Awwalou est passé aux aveux complets. C’est après exploitation que le bourreau de l’enfant a craché le morceau, comme l’explique le lieutenant-colonel Maidouan Désiré: «
il a commencé par nier comme d’habitude. Il a fallu pratiquement deux jours pour qu’il avoue son forfait. Il demandait une rançon de trois millions à la famille. Il a été arrêté au moment où il cherchait à joindre la famille. On est donc venu le prendre, il n’aura finalement pas eu le temps de joindre la famille».
Ce genre d’acte se raconte par dizaine dans la ville de Ngaoundéré. Certaines familles, par peur de représailles des preneurs d’otage, refusent de collaborer avec les forces de maintien de l’ordre.
En attendant les résultats de l’exploitation du suspect et des enquêtes ouvertes, la vigilance doit être de mise chez les parents, et la collaboration avec les forces de maintien de l’ordre permettront de limiter les dégâts. Et la
visite du secrétaire d’Etat à la défense chargé de la gendarmerie la semaine dernière vient rappeler une fois de plus la nécessité de fournir des renseignements à l’armée.