Le campus du collège Christ Roi de Tiko dans la région du Sud-Ouest est ouvert aux élèves depuis quelques semaines déjà et, certaines sources annoncent que pas moins de 650 élèves ont regagné les dortoirs de cet internat anglophone, où la reprise des cours est effective depuis lundi 26 août.
Dans les salles de classe, les enseignants sont tous présents, l’ambiance est studieuse. L’établissement est discrètement surveillé par des agents du Bataillon spécial amphibie (BSA) habillés en civil, afin de ne pas effrayer les apprenants.
Les promoteurs de ces établissements confessionnels ont établi leur programme, en tenant compte de la situation de crise qui prévaut dans ces zones, depuis un peu plus de trois ans maintenant. Cette année, peut être plus que par le passé, le grand enjeu reste celui du retour en classes, des jeunes élèves du Nord et du Sud Ouest.
Ce n’est malheureusement pas la même affluence qu’on a remarqué ce lundi, jour de rentrée des classes au sein des autres établissements scolaires de la région, de même qu’à Bamenda et ses environs. Dès les premières heures de la matinée, quelques informations faisaient état des affrontements entre sécessionnistes et Forces de Défense et de Sécurité dans le Lebialem.
Un secteur éducatif impacté
Sur Facebook, Mark Bareta affirme que « les élèves ne peuvent rien apprendre lorsque les balles fusent au dessus de leurs têtes ». Ses compères sont dans la même logique et disent que l’école ne peut reprendre dans le contexte sécuritaire actuel.
Une position qui a trouvé un nouveau point d’ancrage : La condamnation d’Ayuk Tabe et de ses complices. Les milices sécessionnistes ont décrété un « lock down ». Une campagne de terreur qui prend effet ce 02 Septembre et s’achève le 16 du mois en cours.
Une attitude de défiance de l’autorité de l’Etat qui a amené l’Unesco à accuser les terroristes ambazoniens de violer l’un des Droits Fondamentaux des enfants : l’Education.
Une sortie qui a amené Mark Bareta, très actif dans les réseaux sociaux, notamment Facebook, à présenter d’autres revendications, dont l’instauration des écoles communautaires, placées sous l’égide de l’ONU : « Nous attendons que l’ONU intervienne et crée des zones franches pour les écoles, a lancé Mark Bareta, ce n’est que de cette manière que les classes pourront reprendre ».
La campagne « Back to school »
Sans tenir compte des élucubrations de ces individus sans foi ni loi, conscients d’avoir derrière lui la grande majorité de la population, lasse de subir une violence dont elle ne perçoit plus les véritables enjeux, le gouvernement a lancé la campagne « Back to school ». De nombreuses personnalités sont descendues sur le terrain, ces dernières semaines, afin d’inviter les parents, à prendre conscience du tort qu’ils causent à leur progéniture, en protégeant et en respectant les mots d’ordre de villes mortes initiées par les ambazoniens.
La terreur est certes toujours présente. Les responsables et chefs d’établissements se gardent de prendre part au débat ; ils ont peur d’être victimes des attaques sournoises, des enlèvements et autres assassinats. C’est certainement la raison pour laquelle, au cours des prochains jours, l’on va remarquer une rentrée à plusieurs vitesses : « Si les campus tels ceux de St Francis de Kumba, Repaccol de Mutengene, Lady of lourds, Sacred heart de Bamenda ou encore Bishop Rogan de Buea où loge désormais le célèbre collège Sasse ont déjà la tête à l’école, la reprise dans les lycées, cibles privilégiés des milices, demeure une incertitude.
Depuis le début de la crise, les statistiques présentent un bilan très lourd
Près de 4 500 établissements ont fermé leurs portes, d’après des chiffres rendus publics par la branche locale de l’Unicef. Le gouvernement camerounais indique que 27 attaques ont été perpétrées contre le système éducatif dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-ouest entre janvier et août 2019. Dix-neuf enseignants et 58 étudiants ont également été kidnappés au cours de cette période. Des chiffres qui illustrent le drame et font de l’éducation, l’un des secteurs les plus touchés par la crise.
Nicole Ricci Minyem