Pascale Njitat fait partie des 18 militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun que la police a interpellé dimanche sur les escaliers de la Cathédrale Notre Dame des Victoires de Yaoundé. 24h après sa libération, elle a acceptée de se confier à Agence Cameroun Presse.
- Bonjour Pascale. Raconte nous votre arrestation.
J'avoue que c'était pas facile. La brutalité policière, les paroles méchantes et dégradantes à notre endroit. Il faut dire que lorsqu'avec les camarades nous avons soulevé les pancartes, ce sont les civiles qui ont commencé à s'en prendre à nous. Et la police est arrivée et s'est mis à nous bastonner. Ensuite, ils nous ont transporté dans un premier temps dans un endroit que je ne saurais décrire. Là-bas on a été entendu par un commissaire. C'est de là qu'on nous a emmené à la DRPJ (Direction Régionale de la Police Judiciaire. ndlr). Une fois à la DRPJ, nous avons été entendu encore et encore. C'est alors qu'on va être séparé en deux groupes, les hommes d'un côté et les femmes de l'autre. Nous sommes répartis dans les cellules.
La femme qui nous reçoit, quand elle nous envoi en cellule, elle nous oblige à garder notre argent dans nos poches. C'est quand elle met les hommes en cellule qu'on comprend bien pourquoi. Pendant qu'elle ouvre le portillon et les envoi en cellule, elle demande expressément aux hommes qui était déjà en cage de bastonner nos camarades autant qu'ils peuvent, et de prendre tout l'argent qu'ils avaient. Et dans la suite on a entendu des échanges dans leur cellule. Elle a dit pareil en nous mettant en cellule. Mais nous n'avons rien eu.
- Donc vous n'avez subi aucun sévisse quelconque .
Nous les femmes non ! Mais du côté des hommes il y a eu des bagarres. Surtout que comme je viens de vous le dire, la dame avait donné le feu vert aux prisonniers de violenter nos camarades pour récupérer tout leur argent. C'est après que d'autres prévenus nous explique que ces policiers ont l'habitude de faire ça. Une fois que les autres ont pris l'argent comme ça, ils viennent récupérer cet argent et donne quelque chose au chef de cellule (un prisonnier désigné chef de cellule. ndlr).
- Vous avez passé trois jours en cellule. Comment les avez vous vécu ?
C'était pas facile. Il y avait beaucoup de moments de détresses. Et on se demande, est ce qu'on va revoir ses enfants, nos familles ? Mais après je respire et je me dis que je n'ai rien fait de mal. Soulever une pancarte qui dit "Je veux la vérité des urnes" n'est pas criminel.
- Comment étiez vous traité ?
J'ai fait trois jours sans manger ni boire. On empêchait à nos familles de nous voir, pareil pour nos conseils. Et on empêchait même de nous donner la nourriture. Interdit de rencontrer nos proches. Certains de nos camarades ont mis quelque chose sous la dent grâce à d'autres détenus qui acceptaient de partager leur ration avec les nôtres. Y'a pas de mots pour décrire ça.
Rappelons qu'aucune poursuite n'a été engagé contre eux jusqu'ici. Au même moment, ces militants libérés se disent plus déterminés à aller jusqu'au bout du plan de résistance contre le hold-up électoral.
Stéphane Nzesseu