Nommé Premier ministre en juillet 2009, il quitte le sérail le 4 janvier 2019.
Beaucoup l’ont qualifié d’insubmersible et ont pensé que c’est parce qu’il évitait de faire ombrage aux autres membres du gouvernement, qu’il est resté longtemps à ce poste. L’originaire de la région du Nord-Ouest, le quatrième anglophone à avoir été Premier ministre au Cameroun détient le record de la longévité à ce poste. Il a passé neuf années au sérail. C’est bien plus que ses prédécesseurs: aujourd’hui à la retraite, Sadou Hayatou y est resté 1 an. Simon Achidi Achu, désormais sénateur RDPC, a tenu 4 ans et 5 mois, et Peter Mafany Musonge 8 ans et 2 mois. Ephraïm Inoni, Premier ministre pendant 4 ans et 6 mois, est lui incarcéré depuis 2012.
En dressant son portait l’année dernière, Jeune Afrique dans l’une de ses parutions trouve que Philemon Yang est un technocrate. «Simon Achidi Achu (1992-1996) aimait serrer les mains et battre la campagne. Philémon Yang est un technocrate qui aime rester au plus proche de ses dossiers. Sadou Hayatou (1991-1992) était un politique ambitieux. Yang a appris à s’effacer derrière les réels tenants du pouvoir au pays de Paul Biya, qu’ils résident au secrétariat général de la présidence ou au cabinet civil. «Il sait ne pas entrer en confrontation directe avec eux, poursuit un collaborateur. Il se tient éloigné des affaires, qui ont été fatales à d’autres», écrit Jeune Afrique.
Durant son règne au Premier ministère, d’aucuns ont trouvé qu’il se comportait plus comme un coach, qu’il restait très discret et qu’il n’arrivait pas assoir son autorité. Pour justifier cette qualification, certains citent le conflit qu’il a eu avec Ama Tutu Muna l’ancien Ministre des Arts et de la Culture sur la gestion du dossier des droits d’auteur.
Marié, père de trois enfants, Philemon Yang chrétien est passé par la mission baptiste et le collège protestant de Bali, dans le Nord-Ouest. Il a fait du service de l’État un sacerdoce. Diplômé de l’École nationale de la magistrature (Enam, promotion 1974), il côtoie le pouvoir, de près ou de loin, depuis plus de quarante ans. Brièvement procureur à la cour d’appel de Buéa, il a fait son entrée au gouvernement six mois plus tard, en 1975, au poste de vice-ministre de l’Administration territoriale, appelé par le Premier ministre de l’époque… Paul Biya. Ministre des Mines et de l’Énergie en 1979, ambassadeur au Canada de 1984 à 2004, secrétaire général adjoint de la présidence jusqu’en 2009 et Premier ministre depuis neuf ans, il est le plus atypique des anciens du système Biya.
Son épouse Linda Yang Linda, était la coordinatrice générale du Cercle des amis du Cameroun, présidé par Chantal Biya et fréquenté par les femmes de diplomates, directrices générales de sociétés publiques, députées, femmes d’affaires, etc. Un rôle protocolaire mais non sans intérêt.
Liliane N.