Au cours de son message à la nation, le Chef de l’Etat sans les nommer s’en est pris aux membres de la BAS. Manifestement, les actions des résistants de ce mouvement citoyen ont porté préjudice à Paul BIYA. Il les appelle à la retenue.
Pour le Président de la République du Cameroun, s’il y a des camerounais qui mettent à mal la démocratie dans notre pays, ce sont les camerounais de la diaspora qui s’illustrent selon lui par des actes d’incivisme et anti-démocratique. Dans son adresse à la nation, après avoir affirmé gratuitement que nous faisons des progrès démocratiques, Paul BIYA fait rappelle que « malheureusement, une minorité, au Cameroun comme dans la diaspora, paraît avoir oublié les règles qui gouvernent la vie démocratique. Est-il nécessaire de rappeler qu’une démocratie a pour seul arbitre le peuple souverain ? » Un peuple dont la souveraineté a été arrachée via des mécanismes d’entourloupe qui frustre le commun des camerounais et floue l’esprit démocratique. Lorsque par voie d’élection truquée, ou avec un système de quasi-parti unique car bénéficiant en exclusivité des moyens de l’Etat le RDPC s’accapare le parlement et le transforme en une caisse de résonance des volontés politiques de son président national qui est au même moment Président de la République et Président du Conseil Supérieur de la Magistrature, il est difficile de croire à la séparation des pouvoirs qui est le socle du système démocratique.
De plus, Paul BIYA répond aux partisans de Maurice Kamto en disant : « Lorsque celui-ci (le peule) s’est prononcé à travers des élections libres et transparentes, et que les résultats sont proclamés après l’examen d’éventuels recours, ces résultats doivent être respectés et acceptés par tous. Ce ne sont ni les réseaux sociaux, ni tel ou tel organe de presse qui peuvent changer les résultats d’une élection, encore moins les manifestations illégales, les violences et les attaques personnelles ou haineuses. » il saute clairement aux yeux que le Chef de l’Etat en parlant ici d’attaque personnelle fait allusion aux confrontations de Genève entre certains membres de la BAS et sa garde personnelle aux portes de l’Hôtel Intercontinental.
Paul BIYA termine son propos en rapport avec la BAS en les invitant au débat politique. « Qu’on se rappelle que j’avais dit en son temps : « Débattons, ne nous battons pas. » Ainsi se comportent les citoyens d’un pays démocratique. Si l’on veut participer à la vie démocratique de son pays, il faut en respecter les règles et militer dans les partis politiques dont l’activité s’exerce dans le cadre du respect de la loi. » Or au même moment les partis politiques sérieux, susceptibles d’inquiéter le pouvoir en place sont muselés et fragilisés. A l’évidence, on a le sentiment que la BAS est en train de rétablir un certain rapport de force qui amènera peut-être un jour ce pouvoir à écouter les réelles aspirations du peuple profond.
Stéphane NZESSEU