Lors de la conférence de presse de Me Eric Dupont-Moretti, avocat français du leader du Mrc et Cie, donnée samedi dernier Yaoundé, l'homme a aussi annoncé le dépôt d’une nouvelle requête de remise en liberté pour ses clients.
« Maurice Kamto est prêt à négocier avec Paul Biya ». L’annonce a été faite par Me Eric Dupont-Moretti, durant une conférence de presse donnée à Yaoundé par le pool des avocats de Maurice Kamto et Cie. « Nous avons rencontré nos clients à la maison d’arrêt, les choses ont été assez simples. Parmi eux, le Pr. Kamto. Il redit ici par ma voix, qu’il est tout à fait prêt à discuter avec le président Paul Biya », a déclaré Dupont-Moretti, tout en expliquant que : « quelqu’un qui revendique sa victoire peut discuter avec celui qui la conteste ».
Maintenant, on se demande bien si Paul Biya peut accepter de rencontrer le leader du Mrc qui, embastillé dans le cadre des marches blanches qu’il a organisées le 26 janvier dernier, fait face à des poursuites judiciaires devant le tribunal militaire de Yaoundé. « Il est parfaitement possible qu’une rencontre soit organisée. C’était presque naturel dans la bouche du Pr. Kamto car il disait, j’ai été ministre de Paul Biya, j’ai déjà conversé avec lui, je souhaite pouvoir discuter avec lui les yeux dans les yeux, lui dire un certain nombre de choses et entendre ce qu’il a à me dire », ajoute-t-il.
Les avocats français, Me Dupont-Moretti accompagné de son associé Me Antoine Vey, disent vouloir œuvrer pour apaiser une situation ubuesque. On peut ainsi constater qu’avant la conférence de presse de Yaoundé, il y a préalablement eu une rencontre entre ces conseils occidentaux de Maurice Kamto et l’ambassadeur de France à Yaoundé. A-t-on voulu utiliser ce dernier comme intermédiaire entre Maurice Kamto et Paul Biya afin de faciliter une rencontre ou autre chose ?
Dans tous les cas, Dupont-Moretti et son associé ont botté cette hypothèse en touche, estimant que « je suis ressortissant français, je suis en terre étrangère. Je suis allé saluer le représentant de la France. C’est une visite de courtoisie. Pour le reste, la France s’est exprimée parce que l’Europe s’est exprimée et ne le fait pas sans la voix de la France ». Peut-on penser qu’avec l’ambassadeur de France, ils n’ont pas évoqué lors de leurs échanges l’affaire Maurice Kamto ?
Dans tous les cas, ils ont promis d’introduire une nouvelle de remise en liberté, après le malheureux destin de la requête en habeas corpus qu’avaient déjà initiée les avocats camerounais de Kamto.
Procès politique
D’autres volets ont été évoqués aucours de cette conférence de presse, notamment les accusations d’incitation au saccage de l’ambassade du Cameroun à Paris. « Nous allons voir si les autorités camerounaises ont déposé une plainte entre les mains du procureur de Paris. Si le parquet de Paris est saisi par l’ambassadeur, il met en branle l’action publique. Là, on n’a aucun nom et on nous dit que le Pr Kamto est complice par instigation du saccage de l’ambassade, sans que l’on ne sache rien sur ce saccage. Une culpabilité se démontre ou encore une complicité par instigation », souligne l’avocat.
Selon notre confrère Kami Jefferson « L’une des préoccupations des journalistes aura été celle liée au caractère hautement politique de cette affaire. Le Mrc n’ayant de cesse de clamer que l’affaire Kamto est politique, cela présuppose que la décision à venir sera politique ».
Autrement dit, doit-on encore accorder de l’importance à l’aspect judiciaire de la chose ? « Quand les droits sont bafoués, on est dans un cadre juridique. Ce que nous dénonçons, c’est le respect de ce que le Cameroun affiche près de la communauté internationale, c’est-à-dire d’être un Etat démocratique », a répondu Me Antoine Vey.
Dupont-Moretti a clairement indiqué qu’il y a des procédures internationales à envisager, notamment à l’Onu avec le groupe de travail sur la détention arbitraire, à l’Union européenne ou encore des procédures franco-françaises « Il n’est pas possible que cette situation perdure. Nous souhaitons rencontrer la présidence camerounaise pour évoquer cette situation », a-t-il dit.