L'année 2019 est une année électorale de la plus haute importance. Après l'échec à la présidentielle, le premier parti de l'opposition au Cameroun a la chance de confirmer sa posture de leader de l'opposition en faisant bonne prestation lors des prochaines échéances électorales. Seulement, avec le cours de l'évolution de la situation politique, il devient très difficile d'entrevoir l'avenir.
Avec sa création en 2012, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) s'était promis de ne jamais se défiler devant une élection sur le territoire camerounais. C'est cette posture républicaine qui justifie sa participation aux différentes échéances électorales tout en dénonçant l'absence de garantie de la fiabilité, de l'équité et de la transparence des opérations de vote. Cet état de fait justifie pourquoi le parti d'Alain Fogue peut prendre part à une élection et venir quelques jours après en contester la légitimité.
Seulement, il est très difficile de savoir aujourd'hui, au regard des événements en cours si le MRC respectera ce principe d'honneur. En effet, les principaux acteurs électoraux de la dernière élection présidentielle sont tous derrière les barreaux et ne sont pas prêts de sortir. Le président Maurice Kamto, le trésorier du parti Alain Fogue et d'autres cadres. Bien sûr, il faut distinguer les membres du parti des alliés circonstanciels recrutés à l'occasion de la dernière présidentielle. C'est dans ce registre que se classe Christian Penda Ekoka, Albert Dzongang, Valsero, Paul Éric Kingue. Des partenaires politique qui auraient eux également rallier les rangs du parti et faire grandir la cagnotte des représentants du MRC au sein des conseils municipaux et régionaux ou au parlement.
Quoi qu'on dise, le parti est fragilisé de l'absence de ses cadres. Et cela pourrait avoir un impact sur la capacité du parti à se mobiliser pour les conquêtes électorales à venir. Par ailleurs, la distance de la prison ne garantit pas que le discours de Maurice Kamto sera toujours entendu. Conséquence, on n'est pas à l'abri d'une reprise des rennes par le vice président Mamadou Mota. Lui qui semble plus tempéré que son président national. On a vu son fléchissement lorsqu'il était question de poursuivre les marches blanches au lendemain de l'arrestation de Maurice Kamto et de ses alliés. Tout ceci peut augurer qu'il donne une autre direction au parti. Et si c'était la direction de la réserve, de l'abstention ?
D'un autre côté, les événements en cours ont contribué à faire croire la popularité du MRC. On en veut pour preuve la forte mobilisation observée le samedi 23 février à l'occasion de la campagne d'adhésion massive au parti de Maître Emmanuel Simh. Cette capacité à mobiliser pourra être exploiter pour obtenir des candidats dans tous les arrondissements du Cameroun et le financement qui va avec. Tout reste possible.