Marie Evelyne Petrus Barry, directrice régionale de Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale a soutenu que : « La décision du Chef de l’Etat camerounais d’accorder le pardon et de libérer près de trois cent (300) arrêtées et emprisonnées dans le cadre des troubles dans les régions anglophones du pays est un pas positif qui doit amorcer un changement en matière de droits humain ».
Dans l’un des paragraphes de sa correspondance, elle fait mention de l’activiste Michel Biem Tong qui a pu bénéficier de la magnanimité du Président de la République : « Parmi ceux qui sont libérés, figure le journaliste et « défenseur des droits humains » Michel Biem Tong qui pourra finalement retrouver sa famille et ses proches, après deux mois derrière les barreaux ».
Les responsables de cet organisme international font par ailleurs allusion à Fomusoh Ivo Feh, Afuh Nivelle Nfor et à Azah Levis Gob, tous les trois condamnés à dix ans (10) de prison sur la base du texte d’une blague sur boko haram.
Dans un autre paragraphe, Marie Evelyne Petrus Barry demande que d’autres libérations doivent suivre cette première vague : « Ces libérations ne doivent cependant pas constituer les dernières dans un pays où de nombreuses personnes sont encore incarcérées pour avoir simplement exercé leur droit à la liberté d’expression – Nous demandons aux autorités de les libérer, y compris les étudiants Fomusoh Ivo Feh, Afuh Nivelle Nfor et à Azah Levis Gob, condamnés à 10ans de prison pour avoir partagé un texte d’une blague sur le groupe armé boko haram. Les autorités doivent aller plus loin, en prenant des mesures claires qui visent à protéger et à respecter les droits humains et à faire en sorte que les détentions injustifiées ne continuent plus ».
Les personnes sus citées avaient été déclarées coupables de non dénonciation d’une information relative au terrorisme, par la Haute cour de Yaoundé. Ils sont maintenus en détention alors que plus de 400 000 personnes dans le monde écrivent au quotidien des lettres demandant au Président de la République de les libérer.
La mesure de clémence du Président de la République a été accordée aux personnes dont les poursuites étaient pendantes devant les tribunaux militaires et pour lesquelles les autorités avaient déjà pris en compte la relative gravité des accusations.
La position de Amnesty international sur la crise sécuritaire dans les régions du Nord Ouest et Sud Ouest a légèrement changé ces derniers mois. Dans un rapport rendu public au courant de septembre 2018, la directrice régionale adjointe de Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale Samira Daoud avait attesté que : « Les violences dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest échappent à tout contrôle et aucun camerounais n’est épargné par les dégâts ainsi causés. Puisque des étudiants et des enseignants ont été attaqués et kidnappés, nous avons des raisons de croire que la vie de nombreux autres citoyens est en péril, du fait des violences perpétrées par certains membres des groupes armés séparatistes. Cela doit cesser immédiatement… ».
Une déclaration qui est en déphasage total avec les accusations que cet organisme portait contre les autorités camerounaises. Pour une fois, la responsabilité des agresseurs du Cameroun avait reconnu, une volte face salué par quelques acteurs de la scène politique nationale.
Nicole Ricci Minyem