Pendant plus de deux semaines, les avocats de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé ont démonté les raisonnements du Procureur de la Cour Pénale Internationale et, plusieurs années après le début de ce procès et face aux preuves qui démontrent au fil du temps que le dossier de l’accusation est vide, ils ont demandé qu’un non – lieu soit prononcé.
Selon eux, le dossier de l’accusation a été construit sur des sables mouvants : « Après sept années de prestidigitation de la part de l’accusation, les ficelles des tours de magie apparaissent au grand jour », a déclaré Maître Agathe Bahi Baroan, l’une des conseils de l’ancien président Laurent Gbagbo. Selon elle, le procureur ignore les réalités du pays que le Président Laurent Gbagbo a dirigé pendant des années, comme un père de famille : « Les Ivoiriens sont des gens simples, joyeux et ouverts », a-t-elle déclaré, avant de regretter que « l’accusation continue de servir des récits qui ne correspondent en rien à la réalité…Tout a été construit sur des sables mouvants et, on sait dans ces cas-là ce qui arrive à l’édifice ».
Antérieurement, Maître Emmanuel Altit avait révoqué les procédés du Procureur : « La seule solution qu’a trouvé le Procureur, c’est d’inventer une autre réalité. Il tente de démontrer que pendant la crise ivoirienne, il y avait une structure parallèle en le postulant mais il n’a trouvé personne allant dans ce sens. Il n’a trouvé personne allant dans le sens d’un plan commun…La question n’est pas de savoir si les éléments de preuve sont convaincants mais si le procureur dispose de preuve. La réponse est non, l’enjeu c’est la liberté d’un homme présumé innocent. Un homme contre lequel rien de convaincant n’a été opposé », a-t-il conclu.
Cette position semble surprendre les avocats de l’Etat de Côte d’ivoire, comme le précise l’un d’entre eux, Jean Pierre Mignard : Nous sommes surtout étonnés. Pourquoi, en cours de procès, les avocats de la défense demandent-ils un non-lieu ? Pourquoi ne pas aller jusqu’au bout, si le dossier de Laurent Gbagbo est si bon ? Si c’est le cas-là, qu’ils aillent à un triomphe. Auraient-ils peur qu’à leur tour, les témoins de la défense soient malmenés et mis en difficulté ? Des moments difficiles attendent peut-être Monsieur Gbagbo et ses défenseurs. Et puis on oublie une chose : les victimes. Il y a une association de victimes, qui est partie civile. Si le procès s’arrête, les victimes n’auront pas le droit de poser des questions aux témoins de la défense. Voilà ce que signifie cette demande de non-lieu en cours de procès… ».
La démarche des avocats du Président Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé arrive au moment où ils n’ont pas encore présenté leurs propres témoins ainsi que les contre arguments. Mais d’après eux, ce n’est pas important de le faire : « En deux ans et demi de procès qui ont vu défiler 82 témoins du procureur, où des milliers de pages ont été étudiées, des heures de vidéos projetées, l’accusation n’est pas parvenue à démontrer qu’elle avait des preuves, alors, pourquoi continuer cette mascarade » ?
Nicole Ricci Minyem