Dix-neuf partisans de Maurice Kamto, candidat malheureux à la présidentielle du mois dernier au Cameroun, ont été arrêtés dimanche à Bafoussam (dans la région de l’Ouest) lors de manifestations contestant la victoire du président sortant Paul Biya.
Ces interpellations par la police ont eu lieu en deux endroits de Bafoussam, capitale de la région Ouest, où les partisans de M. Kamto manifestaient, selon l’AFP.
Des membres du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), le parti de Maurice Kamto, avaient annoncé qu’ils avaient l'intention de manifester dimanche à Bafoussam pour protester contre les résultats de la présidentielle du 7 octobre, qui ont donné la victoire au président Biya, 85 ans, au pouvoir depuis 36 ans.
Des manifestants ont posté sur les réseaux sociaux des images de ces rassemblements au cours desquels a été dénoncé un «hold-up électoral». Un important dispositif policier restait en place à Bafoussam par crainte de nouvelles manifestations dans la soirée, selon des témoins.
Seize militants du MRC qui manifestaient pacifiquement le 28 octobre à Yaoundé contre les résultats de la présidentielle, avaient été arrêtés et remis en liberté deux jours plus tard. Maurice Kamto qui se proclame «président élu» a demandé vendredi à la «communauté internationale» de recompter les voix. Il avait proclamé sa victoire dès le lendemain du scrutin, deux semaines avant la proclamation officielle des résultats.
Cet avocat de 64 ans affirme que l'élection a été marquée par des «fraudes massives et barbares", mais entend "faire triompher la vérité" par "des moyens pacifiques». Le président Biya réélu pour un 7e mandat consécutif avec 71,28% des voix (contre 14,23% à Kamto), prêtera serment le 6 novembre, 36 ans jour pour jour après son arrivée au pouvoir en 1982.
Quelques leaders de l’opposition, que Maurice Kamto a publiquement appelé à le rejoindre dans ses opérations de contestation des résultats du Conseil constitutionnel ont négativement réagit à sa demande. C’est le cas de Serge Espoir Matomba, premier secrétaire du PURS (Peuple Uni Pour la Rénovation Sociale) et par ailleurs candidat du parti au scrutin présidentiel du 07 octobre dernier qui déclare refuser toute offre politique du MRC de Maurice Kamto.
«Je refuse de me joindre à des revendications illégitimes dont je ne maîtrise ni les tenants, ni les aboutissants. En revanche, j'invite Maurice Kamto et les autres leaders à se joindre à moi afin que, dans un esprit républicain, nous mutualisions nos forces pour les réformes nécessaires devant aboutir à un code électoral consensuel», a-t-il déclaré dans un communiqué publié samedi.
Pour Serge Espoir Matomba, la bataille des partis de l’opposition «doit également se focaliser sur la préparation les élections législatives et municipales. Ainsi devons-nous travailler ensemble pour la campagne 300 maires et 100 députés en 2019».
«Il est irresponsable pour l'opposition d'entraîner le peuple Camerounais dans des voies chaotiques et sans issues», condamne-t-il, appelant «au rassemblement de toute l’opposition responsable» autour de lui pour ce chantier, «pierre angulaire du changement».
«Une élection n'est pas sensé déchirer le peuple mais plutôt renforcer son système démocratique», conclut-il.
Otric N.