Le porte-parole de Maurie Kamto, Olivier Bibou-Nissack a annoncé que celui-ci se rendait, à Addis-Abeba le 16 novembre pour un séjour de deux jours. Il s’y est rendu pour un séjour de travail au siège de l’Union Africaine.
Rappelons que les chefs d’Etats y étaient rassemblés du 17 au 18 novembre pour s’accorder sur un projet de réforme de l’institution visant à la rendre plus efficace. En s’y rendant, Maurice Kamto avait un autre agenda. Il comptait en effet plaider pour le recomptage des voix de l’élection présidentielle qui l’a vu perdant. Récemment, nous avons assisté à des recomptages de voix dans le cadre des élections de mi-mandat aux Etats-Unis, qui concernait aussi bien les élections de députés sénateurs et gouverneurs. Dans certains Etats tels la Floride, la loi autorise le recomptage automatique des voix quand l’écart de voix entre les deux candidats est infime. Il s’agissait d’un écart de 0,44% entre les deux candidats arrivés en tête pour le poste de gouverneur et de 0,18% pour les deux candidats arrivés en tête pour le poste de sénateur.
Par analogie, nous pouvons nous interroger sur le fondement sur lequel MAURICE Kamto se base pour demander le recomptage des voix. En effet, il est certes arrivé deuxième à l’élection présidentielle mais l’écart entre lui et le Président Paul Biya qui est arrivé en tête de ces élections représente plus de 50% des suffrages exprimés. Ainsi cet écart ne saurait être de nature à faire porter un quelconque doute sur l’issue de l’élection. De plus le Conseil Constitutionnel a rendu une décision qui a l’autorité de la chose jugée et en tant que juriste qui plus est éminent avocat, le professeur Maurice Kamto maîtrise les enjeux de cette décision qui est insusceptible de recours.
Maurice Kamto a, dès le lendemain de l’élection, réclamé la victoire alors que les résultats n’était pas encore connus. La contestation du résultat des élections a donc été la suite logique. Il a ensuite planifié un programme national de résistance en deux phases qui consistait en de nombreuses manifestations, avec ou sans autorisation, de ces militants sur toute l’étendue du territoire pour dire stop au « hold-up électoral". Son discours a toutefois évolué au retour de son séjour d’Addis-Abeba le lundi 19 novembre. Dans une intervention depuis le siège du MRC à Douala, il a fait un discours qui tranche avec les précédents. Dans celui-ci, il invite en effet ses partisans à ne plus manifester sans autorisation, à ne rien casser, à ne pas agresser, bref il les invite ainsi à respecter l’ordre constitutionnel. Il va plus loin et demande à ses militants de se consacrer aux prochaines échéances électorales.
Certains pensent que ce changement de discours est lié au fait que ce voyage au siège de l’Union Africaine, en n’ayant pas eu les résultats escomptés, a été un coup d’épée dans l’eau. Il aurait même fait « pschitt » selon l’expression d’un ancien Président de la République.
Quelque soit le résultat de ce voyage réjouissons-nous que ce changement de discours soit bénéfique à l’Etat de droit.
Bill Enoah