C’est du moins ce que pensent plusieurs professionnels du barreau. Du fait de la disparité des revenus qui peut exister entre les deux corps de métiers, du fait même de la nature des professions des uns et des autres.
Me Achille Leudjo, avocat au barreau du Cameroun, invité sur le plateau d’Equinoxe Soir sur la télévision éponyme, réagissant sur le drame survenu au sein de la salle d’audience du Tribunal de Première Instance de Douala Bonandjo, affirme sans mettre de gants que « certains magistrats sont jaloux des avocats ». Et pour appuyer cette affirmation, il fait remarquer que les avocats n’ont pas le registre de fonction que le magistrat. Il rappelle que « les magistrats sont des fonctionnaires de l’Etat. Et en ce sens, ils doivent attendre leur salaire chaque fin du mois. Or au même moment, les avocats exercent une fonction libérale ». En fait, ce que Maître Achille Leudjo donne de comprendre c’est qu’il existe un certain ressentiment chez certains magistrats qui ne comprennent pas pourquoi des avocats qui parfois viennent juste de prêter serment roulent carrosse et présente des signes extérieurs de richesses alors que lui le magistrat, a des soucis parfois pour mener un tel train de vie.
Dans sa description, Maître Achille Leudjo est allé jusqu’à faire savoir que « plusieurs magistrats sont très contents de voir les avocats se faire tabasser de la sorte ». Un sentiment de mal être et de conflit qui est corroboré par les arguments énoncés par Maître Augustin Nguefack « le magistrat, c’est le frère de l’avocat. Même père même mère ; Mais pourquoi le magistrat refuse de faire confiance à son frère ? » Et lui aussi, il renchérit avec la question des émoluments en disant « il faut que le magistrat sache qu’il attend juste son salaire. S’il le comprend les problèmes de la justice seront réglés ».
Manifestement, il existe donc un malaise, un climat déletaire entre les magistrats et les avocats dans notre justice. Ils sont nombreux qui estiment que ce conflit qui amène les magistrats à avoir la dent aussi dure à l’endroit de ces avocats, au point de refuser les garanties données par plus de 500 avocats pour la libération de leur confrère, n’est rien d’autre que la manifestation d’une certaine « jalousie » à l’égard de ceux que Maître Achille Leudjo appelle « les princes du palais ».
Stéphane NZESSEU