Un collectif d'hommes d'affaires camerounais s'apprêtent à déposer une plainte avec constitution de partie civile devant la Commission nationale de la concurrence au Cameroun contre la Banque Populaire Caisse d’Epargne (BPCE) et le groupe marocain Banque Centrale Populaire (BCP).
Selon les informations relayées par le magazine panafricain Jeune Afrique, Me Michel Janvier Voukeng et Guy-Alain Tougoua, qui représentent les plaignants, doivent formellement déposer la plainte ce 21 novembre au Cameroun. Le collectif d’hommes d’affaires qu’ils représentent entend par cette procédure contester la cession de 68,5 % des actifs de la Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (BICEC, filiale de la Banque Populaire Caisse d’Epargne, BPCE) au groupe marocain Banque Centrale Populaire (BCP).
Après avoir saisi la Commission nationale de la concurrence une première fois, le collectif avait obtenu de celle-ci, par courrier daté du 13 novembre avec copie aux ministères du Commerce et des Finances, l’assurance qu’elle entendait « mener les diligences nécessaires afin de s’assurer que l’opération de concentration concernée sera menée dans le strict respect des dispositions prévues par la législation en vigueur ».
Par cette procédure, les hommes d’affaires camerounais espèrent bloquer l’opération de cession et s’appuient sur les articles 2 et 5 de la loi n°98/013 du 14 juillet 1998 relative à la concurrence, qui interdit aux entreprises étrangères exerçant sur le marché intérieur du Cameroun « des accords et ententes ayant pour effet d’éliminer ou de restreindre sensiblement la concurrence ».
Le collectif réclame ainsi l’ouverture de négociations avec l’État camerounais (actionnaire de la BICEC à hauteur de 17,5 %). Les hommes d’affaires, qui ont préféré conserver l’anonymat, estiment que le groupe BPCE devrait permettre l’ouverture du capital de la BICEC à des ressortissants camerounais plutôt qu’à des fonds marocains. Michel Janvier Voukeng et Guy-Alain Tougoua, les avocats des requérants, envisagent également de porter le différend devant l’OCDE.
Il faut dire que la BCP s’apprête à acquérir les actifs africains de BPCE. En effet, la banque marocaine Banque Centrale Populaire (BCP) a indiqué le 25 septembre être entrée en négociations exclusives avec le groupe français BPCE, qui a retenu son offre pour l’achat de ses participations dans quatre banques sur le continent. Cette acquisition s’inscrit dans la stratégie d’expansion de la BCP au Maghreb et en Afrique subsaharienne.
Les parts concernées se composent de 68 % de la Banque Internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (BICEC), 71 % de la Banque Malgache de l’Océan Indien (BMOI), 100 % de la Banque Commerciale Internationale (BCI) de la République du Congo et 60 % de la Banque tuniso-koweïtienne (BTK), précise le communiqué de BCP.
L’ambition panafricaine de la Banque Centrale Populaire (BCP) se précise. Pour rattraper son retard sur ses concurrents, BMCE et Attijariwafa Bank, son président, Mohamed Benchaâboun, a jeté son dévolu sur le portefeuille du français Banque populaire-Caisse d’Epargne (BPCE), qui a annoncé en décembre 2017 son départ du continent.
Le portefeuille africain de BPCE est constitué par la Banque Commerciale Internationale (BCI) au Congo, que la BPCE contrôle à 100%, la Banque Internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (Bicec), détenue par l’établissement français à 68,5%, et la Banque tuniso-koweïtienne (BKB) en Tunisie, dans laquelle sa participation est de 60%.
Otric N.