Le ministre camerounais en charge des Finances (MINFI), Louis Paul Motaze a annoncé, par voie de courrier à son collègue de l’Économie, du Plan et de l’Aménagement du territoire (MINEPAT), Alamine Ousmane Mey, que «tous les appels de fonds, à l’exception de ceux liés aux projets de la CAN (Coupe d’Afrique des nations de football 2019), ont été gelés avec effet immédiat».Dans cette correspondance, datée du 9 août dernier, l’argentier du pays constate, s’agissant des appels de fonds sur ressources extérieures que sur le plafond de 596 milliards FCFA, inscrit le cadrage de la Loi de finances 2018, environ 404 milliards FCFA ont effectivement été décaissés à ce jour.
A côté de ceci, note le MINFI, des appels de fonds, émis par la Caisse autonome d’amortissement (CAA) et le MINEPAT, en attente d’exécution au niveau des bailleurs de fonds, se chiffrent à quelque 294,1 milliards FCFA, soit un total de décaissements extérieurs potentiels de l’ordre de 698,1 milliards FCFA, une enveloppe largement supérieure au plafond de 102,1 fixé dans le cadre du programme économique et financier souscrit auprès du Fonds monétaire international (FMI), avec lequel le Cameroun est engagé dans un programme économique et financier extrêmement contraignant.
Pour Paul Motaze, il est urgent d’examiner, avec cette institution, les possibilités de revue à la hausse du plafond des appels de fonds sur ressources extérieures, «tout en envisageant des prévisions plus réalistes pour le cadrage budgétaire au titre de l’exercice 2019».
Pour le MINFI, il serait souhaitable, pour son collègue, de sensibiliser ses collaborateurs sur la nécessité de voir à l’avenir le montant des décaissements sur ressources extérieures «refléter les capacités d’absorption des projets».
Le 6 juillet dernier, les administrateurs du FMI, au titre de l’article IV des consultations avec le Cameroun, se sont inquiétés de la hausse rapide de la dette publique du pays, soulignant «qu’il importe de respecter le plafond fixé pour les emprunts non concessionnels et de recourir davantage à des prêts concessionnels».
Encourageant aussi les autorités à redoubler d’efforts pour réduire l’encours de prêts contractés mais non décaissés, ils demandaient à Yaoundé de limiter «strictement» les nouveaux emprunts et de recourir davantage à des emprunts concessionnels afin de préserver la viabilité de la dette, estimant par ailleurs que «l’encours de la dette contractée mais non décaissée doit également être réduit».