C’est une actualité qui a fait couler beaucoup d’encres et de salives et, les camerounais ne sont pas allés du dos de la cuillère, pour donner leur point de vue, par rapport à la consommation du riz. Un aliment que l’on retrouve dans tous les ménages. Pour avoir une idée plus précise de ce qui constitue un frein au riz produit dans notre pays, nous avons donné la parole à Monsieur Gesata Pierre. Il est deuxième adjoint au maire de Lagdo.
Merci monsieur le maire, d’avoir accepté de répondre à nos questions. Nous vous invitons à vous présenter…
Merci madame, de me donner l’opportunité de m’exprimer sur cette question du riz. Je me nomme Gesata Pierre, je suis le deuxième adjoint au maire de la commune de Lagdo. Je suis installé à Lagdo depuis des années 80, originaire du département du Mayo Tsanaga, à l’Extrême Nord du Cameroun. Je suis ici à la faveur de la migration de mes parents, migration elle-même prônée par le Président Ahmadou Ahidjo depuis les années 70, à la faveur d’un décret présidentiel.
La commune d’arrondissement de Lagdo dispose d’un barrage hydro électrique et c’est celui-ci, qui, au-delà de sa vocation production d’électricité, a pour première objectif de faciliter la production du riz et, lors de l’étude de la faisabilité de la construction de ce barrage, il était prévu l’aménagement de dix sept mille hectares pour la production du riz. Cela devait se faire deux fois par an mais, malheureusement aujourd’hui, les riziculteurs ne cultivent que sur mille hectares, chaque année.
Monsieur le maire, il y’a des vidéos qui ont circulé ces dernières semaines dans les réseaux sociaux, pour nous montrer les risques que les camerounais encourent à consommer du riz qui vient de l’Asie. Avez-vous vu cette vidéo ?
Maire de Lagdo : J’ai bien suivi la vidéo et, si l’information qu’elle véhicule s’avère vrai, il faut dire que notre pays est foutu. Comment une telle marchandise en charge du contrôle de la qualité, des denrées alimentaires qui entrent dans le pays. Quel est rôle qu’ils ont joué dans cette affaire ? Je me pose la question.
Quel est à votre avis, monsieur le maire, par rapport à cette culture d’importation du riz venu des autres pays ?
Notre pays dispose de potentialités susceptibles d’assurer la production de la demande nationale de riz et même d’en exporter. Hélas, l’Etat n’encourage pas la population à produire en quantité.
Cette activité est – elle faite en quantité importante ? Ou alors, il s’agit juste d’une production faite pour les besoins de la consommation dans les familles ?
La production du riz à Lagdo est une chaîne de valeur qui contribue à l’économie de la Sous – Région. La production est d’environ mille (1000) à mille cinq cent (1500) tonnes par campagne. Elle sert à nourrir toute la Sous Région, le Grand Nord, la République Centrafricaine, le Tchad et le grand Nigéria. La superficie exploitée dans le périmètre irriguée est de 1000 hectares pour une production moyenne de 1000 tonnes de riz décortiqué par campagne, soit 2000 tonnes par an.
Quelle est la quantité de riz produite chaque année ?
A côté du riz irrigué, il faut relever l’existence du riz pluvial qui se cultive une fois par an, en saison des pluies sur une superficie d’environ 5000 hectares et, pour une production annuelle d’environ 5000 tonnes de riz décortiqué.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés ?
Les populations font face à de nombreuses difficultés, notamment le manque d’engins agricoles (tracteurs, décortiqueur). Le manque d’engrais, des semences améliorées, l’absence d’encadrement technique. Les planteurs qui ne sont pas organisés en groupe et ne peuvent en l’occurrence ne peuvent proposer en commun, le fruit de leur labeur …
Si on vous demande de faire des propositions pour qu’au cours des prochaines années, on connaisse des tendances inverses…
Je proposerais les solutions suivantes : - La mise à disposition des populations, des tracteurs pour le labour – La subvention des prix des engrais – L’Encadrement technique des paysans par des agents de l’Etat – Le rachat de toute la production par l’Etat – L’Aménagement de nouveaux espaces …
Un mot de fin ?
En guise de mot de fin, je dirais qu’il est nécessaire que le Cameroun mette un point d’orgue sur l’agriculture, en y consacrant beaucoup de moyens de production. Nous disposons de vaste terre non exploitée que convoitent d’ailleurs les étrangers.
Nicole Ricci Minyem