Le secteur de l'exportation de la banane au Cameroun ne se porte pas bien. Selon l’Association camerounaise de la banane (ASSOBACAM), les exportations de banane ont connu une forte baisse au cours des deux derniers mois avec seulement 29 747 tonnes commercialisées contre 43 141 tonnes l’année dernière sur la même période.
Cette production en baisse de 13 394 tonnes est essentiellement liée à la crise sociale dans les régions anglophones du nord-ouest et du sud-ouest où les activités de la Cameroon development corporation (CDC), l’un des grands exportateurs de banane du pays, ont chuté de plus de 60%.
A l’analyse, cette contreperformance continue (ses exportations avaient déjà chuté de 19 000 tonnes au premier trimestre 2018) de la CDC, est consécutive au ralentissement de ses activités, à cause des violences imposées par les sécessionnistes anglophones aux populations de la région du Sud-Ouest du pays, dans laquelle sont situées les plantations d’hévéa et de bananes de cette entreprise publique.
En effet, depuis un an, cette entreprise qui revendique le statut de 2ème employeur du Cameroun (avec 22 000 employés), derrière l’administration publique, a vu ses activités plombées à cause des violences orchestrées dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest par des sécessionnistes qui revendiquent la partition du pays. Cette société qui avait exporté 14 442 tonnes de banane en 2017 pendant la même période, n’a produit que 3 000 tonnes cette année.
Ces derniers mois, apprend-on de bonnes sources, les sécessionnistes ont multiplié des exactions dans les plantations de la Cameroon Development Corporation (CDC), s’attaquant à l’intégrité physique des employés. Cette situation a obligé le top management de l’entreprise, qui exploite des milliers d’hectares de bananeraies dans la région du Sud-Ouest, à fermer au moins 12 sites de production sur 29.
Selon l’ASSOBACAM, les exportations de bananes ces derniers mois sont principalement assurées par la société des Plantations du Haut Penja (PHP), leader du marché local. Cette filiale du groupe français, la compagnie fruitière de Marseille a exporté 27 688 tonnes en septembre et octobre 2018, soit une hausse de 537 tonnes, par rapport à la même période en 2017.
Selon un rapport du Gicam, la principale organisation patronale du pays, Depuis octobre 2016, les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest sont confrontées à une crise socio-sécuritaire aux pertes humaines et économiques importantes. Face à l'escalade de la violence, les autorités camerounaises ont dû prendre la décision de fermer la plupart de ses plantations à l'exploitation, ce qui a conduit à la chute de la production.
Au bout de deux ans d’insécurité, le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) a mené une investigation auprès des entreprises opérant dans ces zones. Disponibles depuis le 13 septembre 2018, les résultats de cette enquête révèlent un bilan catastrophique pour ces entreprises.
En termes d’emplois, les pertes sont essentiellement celles des entreprises agro-industrielles. Dans l’ensemble, près de 8 000 emplois relevant du secteur formel sont aujourd’hui menacés en plus des 6 434 emplois déjà perdus sur les sites en arrêt de production des agro-industries, notamment la Cameroon developpement corporation (CDC) et Pamol.
Otric N.