L’économie camerounaise résiste aux chocs mais commence à montrer des signes d’essoufflement, selon la conclusion du rapport des comptes nationaux de 2017 publié récemment par l’Institut national de la statistique (INS).Les nouveaux investissements dans l’exploration ou la production de pétrole et de gaz ont ainsi été reportés en raison de la faible remontée des cours, entraînant une contraction des activités extractives en même temps que la récession économique au Nigeria, la crise qui s’accentue dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et les perturbations dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord, ont eu un impact négatif aussi bien sur la production que sur la demande intérieure.
Avec un taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) à 3,5% en 2017, après 4,6% en 2016, l’économie nationale continue toutefois d’afficher sa résiliente, une relative performance s’expliquant par les gains tirés d’un environnement international favorable et de la diversification de son potentiel, deux facteurs ayant permis au Cameroun d’engranger une croissance au-dessus de la moyenne de la sous-région, négative de 0,5% l’année dernière.
Hors pétrole, la croissance du Cameroun s’établit à 5,0% en 2017 après 5,3% engrangé un an auparavant marquée, entre autres, par un fléchissement dans le secteur primaire (3,2% en 2017, 5,0% en 2016), un secteur tertiaire atone (2,3 points, après 2,6 points en 2016), et un effondrement du secteur secondaire (1,3% en 2017, contre 3,6% en 2016).
Le Cameroun a également enregistré un rebond de la consommation privée, avec des dépenses de l’ordre de 4,3% en 2017 après 3,3% en 2016, une baisse de la consommation publique (1,6% en 2017, après une évolution de 3,2% en 2016), des dépenses d’investissement de 4,2% en 2017, contre 6,5% en 2016, et un investissement public affichant un recul de 6,0% en 2017, après 15,2% en 2016.
Par ailleurs l’investissement privé a affiché une évolution de 6,7% en 2017 après 2,3% en 2016, pendant que les exportations en volume de biens et services chutaient de 1,6% en 2017 après une baisse de 0,6% en 2016, et que les importations en volume, de 1,5% en 2016, se sont affichées à 0,6% pendant la période étudiée.
Le Cameroun, selon l’INS, présente par ailleurs une vulnérabilité sur le plan de l’autosuffisance alimentaire et une dépendance vis-à-vis des pays étrangers, les dépenses liées aux exportations des produits du secteur ayant représenté 19% en moyenne en 2017 des importations totales, et 25% des importations hors pétrole brut sur la période en revue, leur contribution au déficit global du commerce extérieur étant cependant passée d’un pic de 68% en 2008 à 43% en 2017.
Le rapport estime néanmoins que l’économie nationale devra connaître un regain en 2018 avec une croissance autour de 4%, imputable notamment à l’accélération de la mise en œuvre des grands chantiers d’infrastructures routières et sportives liés à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football 2019, de la reprise de la production pétrolière ainsi que des cours du pétrole sur le marché international, des effets de la tenue des événements spéciaux (élection présidentielle du 7 octobre) sur le commerce et les industries agroalimentaires.