Le gouvernement camerounais, à travers le ministère du commerce, estime qu’il existe deux principales raisons pour justifier ce changement. D’abord la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Et, le rapport publié il y’a quelques jours par l’Institut National de la Statistique vient corroborer ces dires.
De ce document, Il ressort que la baisse des recettes d’exportation, notamment du cacao et du café ainsi que des dérivés est l’une des conséquences majeures de l’insécurité qui règne dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Une insécurité qui plombe les activités de Telcar Cocoa, négociant local de la firme américaine Cargill, entreprise qui opère essentiellement dans cette partie du Cameroun. Elle assure de ce fait, plus de 30% des exportations des fèves de cacao.
Selon les résultats issus des études menées depuis le lancement de la campagne cacaoyère, il s’avère que 794,6 milliards de Frans CFA représentent le montant accumulés par l’économie camerounaise au premier semestre de 2018, pour avoir exporté vers l’extérieur, une cargaison de 2,5 millions de tonnes de produits divers. Les recettes d’exportation sont en baisse de 16,8% par rapport au premier semestre 2017.
Et pourtant, malgré le recul observé sur les revenus de la vente des huiles brutes de pétrole, (- 32,8%) et du caoutchouc brut ( -33,1%), on remarque que la baisse vient principalement du repli des ventes dans la filière cacao – café. Les recettes d’exportation des fèves de cacao au Cameroun ont chuté de 13,4%, alors que les ventes à l’extérieur ont été beaucoup plus mauvaises sur les produits issus de la première transformation du cacao tels que la pâte et le beurre de cacao, dont les recettes ont respectivement chuté de 88,4% et 90,4%, au cours de la période indiquée.
La transformation, vecteur de développement
Les mêmes sources indiquent que derrière cette réduction des ventes à l’étranger, se cache le dynamisme observé depuis quelques années, dans le secteur de la transformation locale des fèves. Pour illustrer cet argument, il est indiqué que sur une production nationale commercialisée officiellement estimée à 253 510 tonnes, au cours de la campagne 2017 – 2018, le Cameroun a localement transformé 53 494 tonnes de fèves. Un chiffre en hausse de plus de 20 000 tonnes par rapport à la campagne 2016 – 2017.
La nouvelle dynamique observée dans ce secteur a apporté une embellie qui a conduit à la mise en place d’une nouvelle unité (Atlantic Cocoa), d’une capacité de 48 000 tonnes extensibles à 64000 tonnes. Son entrée en vigueur est prévue pour la fin de cette année, dans la zone industrielle du port en eau profonde de Kribi. Une dynamique qui a amené le ministre du commerce Luc Magloire Mbarga Atangana à inciter les producteurs et les entrepreneurs dans les Agro Industries de travailler de manière plus professionnelle, dans le strict respect des normes qui encadrent la culture du cacao, afin d’atteindre le potentiel de 130 000 à 150 000 de tonnes de produits transformés chaque année.
Nicole Ricci Minyem