Dans une enquête menée auprès des entreprises opérant dans ces deux zones, le Groupement inter-patronal du Cameroun relève par ailleurs un manque à gagner de 5,9 milliards FCFA de recettes fiscales.L’enquête a été réalisée en juillet 2018 et porte sur les « conséquences économiques et impacts sur l’activité des entreprises ». Depuis octobre 2016, les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest sont confrontées à une crise socio-sécuritaire aux pertes humaines et économiques importantes. Au bout de deux ans d’insécurité, le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) a mené une investigation auprès des entreprises opérant dans ces zones. Disponibles depuis le 13 septembre 2018, les résultats de cette enquête révèlent un bilan catastrophique pour ces entreprises.
86% d’entre elles affirment que la crise a des répercussions négatives très importantes (50%), et importantes (36%) sur leurs activités. Selon les estimations sommaires réalisées, la crise a déjà coûté 2,153 milliards FCFA en termes de destructions de biens immobiliers, de matériels roulants et meubles.
Le manque à gagner en termes de chiffres d’affaires est estimé à 269,056 milliards FCFA dans les secteurs investigués : industries agroalimentaires, agro-industries locales, télécommunications, filière café – cacao, services agricoles et distribution. Le manque à gagner en termes de chiffres pour ces entreprises, souligne le Gicam, implique mécaniquement un manque à gagner immédiat de 5,9 milliards FCFA de recettes fiscales pour l’Etat, au titre de l’acompte de l’impôt sur les sociétés (dont le taux est fixé à 2,2% calculé sur le chiffre d’affaires).
En termes d’emplois, les pertes sont essentiellement celles des entreprises agro-industrielles. Dans l’ensemble, près de 8 000 emplois relevant du secteur formel sont aujourd’hui menacés en plus des 6 434 emplois déjà perdus sur les sites en arrêt de production des agro-industries, notamment la Cameroon developpement corporation (CDC) et Pamol.
Plus que jamais, suggère le Gicam, des mesures de sauvegarde s’imposent pour juguler ce risque. La plus importante, estime le patronat, est l’impératif d’éviter l’extension du climat d’insécurité à d’autres zones et régions du pays ; des cas de braquage d’entreprises par des groupes armés se signalant déjà dans la zone de Bonabéri à Douala, la capitale économique du pays. Un accompagnement financier des entreprises par l’Etat et la stabilisation du contexte sécuritaire de manière à stopper la dégradation de la situation et enclencher un processus de retour à la paix dans l’ensemble du pays, reste la solution à long terme proposée par le Gicam.