Selon des sources internes à la compagnie, cette situation impacte sur le plan moral, psychologique, sécuritaire et même du rendement des employés qui manquent de concentration et ne peuvent plus pour la plupart se rendre à leur lieu de travail.
Les employés de la Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co) sont sans salaire depuis le mois de février 2019. Une situation qui a poussé les délégués du personnel de « L’étoile du Cameroun » à saisir le directeur général de la compagnie, Ernest Dikoum, pour réclamer le paiement des salaires des mois de février et de mars 2019.
Dans leur correspondance, relayée par le magazine Investir au Cameroun, les délégués expliquent que « cette situation a plongé les employés dans un état de précarité multiforme et croissante ». L’on apprend alors que « depuis plusieurs mois, un salaire sur deux est payé ». « Quand bien même un employé recevrait un salaire sur deux, ses charges restent de l’ordre de deux mensualités et in fine, entre les engagements bancaires, les factures et charges diverses, il se retrouve débiteur à peine son compte crédité », déplorent les délégués du personnel dans leur lettre.
Si L’Etoile du Cameroun peut se targuer d’avoir transporté plus de 25 millions de passagers et effectué environ 37 294 vols selon les standards internationaux, force est de constater que l’entreprise camerounaise peine réellement à prendre son envol. Lors de son lancement en 2011, la compagnie nationale aérienne ambitionnait de devenir l’une des premières compagnies en Afrique. Aujourd’hui, Camair-Co est incapable de satisfaire même la demande nationale. Les arriérés de salaires viennent davantage ternir l’image de cette entreprise.
Les premiers sons discordants ont retentis en janvier 2019, lorsque la compagnie annonçait des revenus de 1,4 milliard de FCFA, contre 2,4 milliards de FCFA en janvier 2018. Le top management de la compagnie projetait d’ailleurs un fléchissement plus important dans les mois à venir.
D’autant plus que, sur une flotte de six avions dont dispose Camair-Co, un seul aéronef est fonctionnel. Il s’agit du MA60 (Modern ARK 60) de fabrication chinoise. Les cinq autres appareils (un Boeing 767-300 ER, deux Boeing 737-700, un MA60 et un Bombardier Q400) sont cloués au sol en raison de pannes diverses. La situation des salariés de Camair-Co ne surprend donc pas.
Lors de la session plénière des questions orales au sénat en mars dernier, Jean Ernest Ngalle Bibehe Massena, le ministre des Transports, a été appelé à apporter des éclairages sur le sujet de la compagnie nationale aérienne Camair-Co. Notamment en ce qui concerne la mise en œuvre du plan de relance proposé par Boeing.
Pour répondre à cette préoccupation, le Ministre des Transports a opté de dresser l’état des lieux de la compagnie nationale aérienne. De cet état des lieux, il ressort que ledit Plan de relance de la Camair-Co a été conçu pour une période de sept années. Il a connu une révision le 29 mai 2018.
Le 17 avril 2017, l’entreprise a acquis deux aéronefs et est donc passé du statut de locataire à propriétaire. Le nombre d’aéronefs de la compagnie a été porté à six le 29 mai 2018, jour où Camair-Co a acquis un autre engin.
Cependant a noté Jean Ernest Ngalle Bibehe Massena, la compagnie connait des problèmes depuis le mois de février 2019. Il y a à l’heure actuelle quatre aéronefs qui sont au sol. Les moteurs de deux doivent être réhabilités. Ce qui explique selon le ministre, la baisse des services offerts, des destinations couvertes mais aussi les revenus de la compagnie.
Otric N.