Comme d’autres économistes camerounais, Bernard Ouandji n’a pas manqué de poser une analyse sur l’annulation de la dette de 45 milliards de FCFA du Cameroun par la Chine.
On sait que depuis le 18 janvier 2019 que la rencontre entre Paul Biya le Président de la République et le représentant de son homologue chinois Xi Jinping a été fructueuse. Le Cameroun s’en sort avec l’annulation d’une partie de sa dette d’un montant de 45 milliards de FCFA. Dans une interview qu’il a accordée au confrère Mutations, l’économiste Bernard Ouandji parle de l’incidence de cet allègement sur la dette extérieure du pays.
«La dette envers la Chine compte pour moitié dans la dette extérieure du Cameroun. Au vu de l’augmentation très rapide de ses créances sur l’Afrique, la Chine a essuyé les critiques des partenaires occidentaux à cause de sa politique «Pétrole contre Infrastructures», en particulier l’Organisation de coopération et de développement économique (Ocde), qui a dénoncé les pratiques de la Chine en Afrique dans un rapport très sévère publié en 2017. Dès le lendemain du dernier forum sino-africain, le magazine français «Le Point» fantasmait sur «la Dette, outil chinois de recolonisation de l’Afrique», explique l’économiste.
Il poursuit «pour sa part, le site américain «Bloomberg» insistait sur les «5 Non» de l’approche de la coopération chinoise en Afrique, à savoir – Ne pas altérer les plans de développement nationaux, non-ingérence dans les affaires, ne pas imposer la volonté de la Chine, ne pas lier l’aide financière, et ne pas rechercher un gain politique. – Si tout ceci est respecté, la Chine va redorer son blason avec cet allègement de la dette camerounaise. En agissant promptement, le Président de la République de Chine vide l’argumentaire des occidentaux pour autant qu’il puisse aller jusqu’au bout c’est-à-dire annuler les 3282 milliards de FCFA».
Invité sur le plateau de télévision du Club d’élites diffusé sur Vision 4, l’économiste Dieudonné Essomba a indiqué que cet acte de la Chine n’est pas désintéressé. «Le Cameroun a nécessairement cédé une contrepartie. Ça peut être une partie du patrimoine, son patrimoine, notamment le territoire», a-t-il affirmé. «Ça peut aussi être une action stratégique de la Chine qui a choisi le Cameroun comme point d’ancrage pour son entrée au cœur du Golfe de Guinée. Car, la dette du Cameroun ne lui (la Chine) coûte pas plus que ce qu’elle gagnerait si elle fait du Cameroun son point d’ancrage pour son entrée au golfe de Guinée», a-t-il ajouté.
Bernard Ouandji en parlant des conditions qui peuvent conduire à ce qu’un Etat prêteur fasse une telle concession sont qu’il ne peut pas être éternellement créancier et de façon exponentielle. «A un moment donné il faut restaurer l’équilibre de l’écosystème. C’est ainsi que les occidentaux ont concédé la réduction de la dette de l’Amérique latine à partir de 1985, puis ils ont organisé le processus «Pays pauvres et très endettés» (Ppte) dont a bénéficié l’Afrique. La question de la dette de l’Amérique latine avait nécessité de fortes mobilisations populaires, entraînant parfois des morts dans les rangs des manifestants, et dans un contexte de guerre froide, les bailleurs de fonds occidentaux avaient cédé pour ne pas faire le lit de la propagande communiste», explique l’économiste dans les colonnes de notre confrère.
Liliane N.