Protéger la propriété intellectuelle permet non seulement à l’auteur d’une œuvre intellectuelle de l’exploiter, mais aussi et surtout lui donne les droits de profiter des revenus de manière exclusive. Dans la région du Nord, nombre d’entités notamment, les Petites et Moyennes entreprises (PME) n’ont pas encore procédé à la protection de leur propriété intellectuelle même si certaines nourrissent le projet.
Selon les données fournies par la Délégation régionale des Petites et Moyennes entreprises, de l’Economie sociale et de l’Artisanat (Minpmeesa), le Nord compte officiellement environ 4 500 PME. Des entreprises qui opèrent dans divers domaines d’activités. A Garoua, la cité capitale de cette région, plusieurs promoteurs de PME indiquent n’avoir pas encore protégé la propriété intellectuelle de leur création. « Je n’ai encore rien fait par rapport à cette protection des droits d’auteurs. Il y a eu un ou deux ans, j’ai reçu des fonctionnaires qui sont venus nous faire des remarques concernant la nécessité de protéger la propriété intellectuelle de son entreprise. J’ai négligé et c’était avant la pandémie du coronavirus, mais avec ce contexte sanitaire tout est devenu plus compliqué car nous avons même la tête en l’air », confie Jamel Mourad, responsable d’une Boulangerie. Cyrille Nyimbong promoteur d’une jeune entreprise spécialisée dans la sérigraphie et la soudure affirme à son tour, « la démarche n’a pas encore été entreprise, mais c’est un projet que nous murissons depuis fort longtemps ».
Ces promoteurs des PME sont pourtant conscients des avantages qu’offre la protection de la propriété intellectuelle. « Lorsque nous sommes encore à notre début comme c’est notre cas, c’est le moment où nous devons garder ce dont nous avons réalisé. C’est quand l’entreprise est encore jeune qu’on peut réfléchir et penser mieux, vu qu’il y a beaucoup de gens qui ont suffisamment les moyens et qui peuvent à tout moment récupérer notre projet et le réaliser », reconnait Cyrille Nyinbong. « Je dois protéger la propriété internationale de mon œuvre afin qu’elle ne soit piratée et qu’il n’y ait pas des gens qui fassent la même chose en mon nom », renchérit Jamel Mourad.
Seulement ces entreprises font face à nombre de difficultés. « On n’est pas très au fait de ce qui se passe. Je sais qu’il faut protéger ses droits au même titre que les artistes musiciens, les films entre autres. J’aurais bien voulu avoir de plus amples informations, mais je ne sais pas vers qui me tourner pour l’instant », déplore Jamel Mourad. Cyrille Nyimbong relève également, « le fait que l’OAPI soit seule une représentation à Yaoundé, cela ne nous facilite pas les choses en région dans la mesure où pour avoir accès à certaines informations, nous devons nous rendre là-bas. Maintenant, on a aussi des soucis avec la mise à jour des sites internet qui ne sont pas toujours mis à jour en temps réels ».
Les promoteurs des PME dans le Nord sont donc unanimes sur l’importance de la protection des droits inhérents à leurs créations et inventions intellectuelles. Ils espèrent qu’une représentation de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI), organe technique verra le jour au niveau local pour leur faciliter les formalités en la matière.
Innocent D H