Elles sont spoliées de tous leurs droits, vivent dans une précarité indescriptible et, cet état de fait n’est pas près de prendre fin, d’autant plus que l’exploitation dont elles sont victimes est faite avec la complicité de certaines autorités traditionnelles.
Contexte
Les plantations agro – industrielles à grande échelle prolifèrent en Afrique Centrale et Occidentale, notamment dans les zones forestières. C’est dans ces cadres que les Femmes pratiquent l’agriculture de subsistance pour les cultures annuelles ainsi que les légumes, afin de nourrir leurs familles.
Par ailleurs, la forêt est la source de produits forestiers non ligneux et d’autres plantes médicinales qui contribuent de manière significative au bien être des femmes et de leurs familles.
L’occupation des terres coutumières, traditionnelles et la destruction des forêts dont les femmes et leurs familles dépendent pour leur subsistance placent les populations riveraines
Une étude a été menée par Le Réseau des Acteurs du Développement Durable (RADD)
Ce qui cadre d’ailleurs avec les objectifs que se sont assignés les membres qui mènent des actions concrètes sur le terrain. Ce qui leur permet de lutter plus efficacement contre l’abus des droits des femmes autour des grandes plantations de monoculture. Cette étude avait pour thème « Rendre les grandes sociétés de monoculture agro – industrielle responsable des injustices environnementales et sociales qui affectent les femmes… ».
Trois objectifs étaient visés
Le Recueil des cas d’abus subis par les riveraines des entreprises de monoculture sur les sites retenus – Mieux cerner les cas pertinents pouvant faire l’objet d’un suivi judiciaire – Soutenir et Faciliter la formation des groupes de femmes – Convenir des stratégies pour commencer à résoudre les problèmes soulevés…
Cette étude s’est déroulée dans les régions du Sud – du Littoral – du centre dans les sites de Mbondjo et d’Edéa dédiés à la culture du palmier à huile – Nkoteng et Naga – Eboko où le riz est cultivé et, Niete avec la culture de l’hévéa.
Résultats Obtenus
Environ 5000 personnes vivent à bord des grandes plantations agricoles et, 80% vivent essentiellement de l’agriculture.
Les riveraines des plantations industrielles de monoculture sont pauvres, ainsi, 54 % sont des chefs de famille monoparentale.
Le revenu mensuel est inférieur à 35 000 FCFA pour 62% des femmes interrogées et, 82% des familles sont composées d’au moins cinq personnes.
Constat
Alors qu’en venant créer ces plantations, les grands groupes industriels promettent de mettre en place, des infrastructures sociales de base, on assiste plutôt à de nombreux cas d’abus, dont les plus importants sont : L’accaparement des terres – La destruction des forêts et la disparition des essences – L’interdiction de cueillir et de consommer les produits de sa propre plantation – Les violences sexuelles – La création des plantations sous hautes tension – L’interdiction d’accès au centre de santé de l’entreprise – La dangerosité des tranchées…
Et, pour Me Mbatang Bertille, nombreux sont les cas qui peuvent et doivent faire l’objet d’un suivi judiciaire
Sur le plan civil : La principale infraction identifiée pendant l’enquête porte sur l’atteinte des entreprises aux droits fonciers coutumiers des riverains…
Sur le plan pénal : Les infractions perpétrées par les entreprises de monoculture portent notamment sur les atteintes à la tranquillité et l’intimité des personnes – l’abus d’autorité et de fonction – l’atteinte à la sécurité publique – l’atteinte à la santé publique – les offenses sexuelles – les retentions abusives de biens – les atteintes aux biens – les atteintes à la paix et à la liberté des personnes – les violences et voies de faits volontaires – les atteintes à l’environnement…
Sur le plan social : Les infractions portent beaucoup plus sur les atteintes au droit du travail et de la sécurité sociale (l’absence des contrats de travail ou d’embauche signé, les contrats d’essai signés à durée prolongée, dépassant les seuils prévus par la loi du travail, la non immatriculation et la non affiliation des employés à la sécurité sociale …).
Pour Mme Ngobo Marie – Crescence, Chef d’équipe au sein du Réseau des Acteurs du Développement Durable, « Après cette phase de dénonciation, nous allons passer à la phase de plaidoyer, même si nous savons que ces entreprise de monoculture exploitent les terres depuis des lustres. Nous voulons amener les administrations concernées à ne plus reconduire les contrats de bail car, au lieu de tenir aux promesses faites aux populations riveraines, spoliées de tout… ».
Nicole Ricci Minyem