Dans cet entretien à cœur ouvert, le Maire de la Commune de Batouri est entre autres revenu sur le travail des enfants dans les mines, la destruction de l’environnement et les relations qui existent entre les différentes communautés
- Comment se porte la Commune de Batouri ?
Elle se porte à merveille ; les populations vaquent à leurs occupations. L’activité économique se déroule bien ; Le climat séculaire également…
- L’actualité de ce côté a été dominée par des nouvelles tristes, avec cette exploitation des sites miniers qui amène les communautés à se sentir léser, abandonner à leur triste sort. Quel est votre point de vue?
C’est avec tristesse et désolation que nous avons appris ces nouvelles. Les populations se disent abandonnées à elles – mêmes face à ces mastodontes ; elles ont quelque part raison. Mais, c’est juste une impression. Nous avons les services compétents qui suivent ces activités ; les délégations des Mines et de l’Environnement, des organisations non-gouvernementales et chacun à son niveau essaie de faire ce qu’il peut.
L’exploitation minière artisanale se fait. De temps en temps, il y a des engins. C’est normal que les communautés qui n’étaient pas habituées au vrombissement des engins se plaignent. Elles ont certainement l’impression d’être écrasées.
- L’on déplore aussi des morts
Les responsabilités sont partagées ; il se dit que certains se sont introduits par effraction dans les mines. Suite à un incident survenu il y’a quelques années, nous nous étions accordés sur le fait qu’il est important de limiter le nombre de personnes ayant accès à la mine.
La mairie a bien d’autres tâches qu’elle ne va pas abandonner pour contrôler les activités dans les sites miniers mais, nous avons toujours pris le temps de sensibiliser afin de contenir les meutes. Je n’ai de cesse d’inviter les populations proches de ces sites à prendre toutes les dispositions sécuritaires lors du « Nguéré » ou « Sassayé ».
- Comment monsieur le Maire, appréciez-vous la présence des enfants sur les sites miniers ? Des enfants qui manipulent continuellement des substances toxiques
C’est un gros problème. Nous procédons à la sensibilisation. Nous sommes conscients que ce n’est certainement pas assez et que cela prendra beaucoup de temps mais, nous allons continuer.
Pour les substances toxiques utilisées sur les sites miniers, étant donné que les sociétés sont partout, il nous faut des moyens humains, matériels et logistiques pour nous assurer que les substances dangereuses ne sont pas utilisées dans les trous miniers.
Pour la prise en charge des cas, des services judiciaires compétents s’en sont saisis. Une fois de plus, je vais parler de sensibilisation. Il faut sensibiliser les frères.
- Comment se déroule la cohabitation entre les différentes communautés ?
La cohabitation entre les différents groupes ethniques est bonne. Il y’a certes de petits frottements par exemple la prise en otage d’un conseiller municipal parce que certains avaient besoin des renseignements ; Mais, tous se passe bien dans l’ensemble.
- Sur tous les sites visités, nous avons vu de grands lacs qui découlent des trous creusés par les chinois en quête d’or. Quelles sont les mesures prises pour préserver l’environnement ?
Au sein de la mairie, nous avons créé un service de l’Environnement avec un chef de service qui a des collaborateurs. Il revient aux chinois de restaurer l’environnement.
Vous savez, nous les convoquons régulièrement après des missions de contrôle et ils payent des amendes. Ce sont des gens qui ont de gros moyens. Je tiens à rappeler qu’à l’époque de nos parents, l’exploitation artisanale de l’or ne détruisait pas l’environnement malheureusement, nous vivons à une autre époque.
Nous sommes entrain de faire un suivi au niveau de la Commune mais, je dois dire qu’il y’a beaucoup de réticence à cause des enjeux. Pour remédier à la situation, le processus va prendre beaucoup de temps…
Nicole Ricci Minyem