Le Projet de développement de l’élevage (Prodel), financé à hauteur de 60 milliards de francs CFA par la Banque mondiale, va consacrer une enveloppe totale de 10,4 milliards de francs CFA à 26 communes des trois régions septentrionales du Cameroun.
Si huit communes ont été chaque fois retenues dans le Nord et l’Adamaoua, ce sont dix communes qui bénéficieront des financements du Prodel dans la région de l’Extrême-Nord, dont le secteur de l’élevage a été lessivé par les attaques de la secte islamiste nigériane Boko Haram.
En effet, selon les statistiques de la Banque mondiale, depuis l’année 2013, Boko Haram a volé aux éleveurs de la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, un volume de bétail d’une valeur globale de 3 milliards de francs CFA. Les estimations du ministère de l’Elevage, elles, placent l’élevage en tête des secteurs d’activité ayant le plus subi les conséquences de la guerre contre Boko Haram au Cameroun, avec pas moins de 65% (54,8 milliards de francs CFA) des pertes globales.
Le Prodel apparait donc comme une bouffée d’oxygène, qui devrait permettre de booster l’activité d’élevage dans la partie septentrionale du Cameroun. Ce projet cible, apprend-on officiellement, environ 120 000 ménages d’éleveurs, les pasteurs, les organisations des éleveurs, environ 20 000 opérateurs économiques et entreprises privées de petite et de moyenne taille, les services publics et privés d’appui à l’élevage, et les prestataires des services œuvrant dans les chaines de valeur de l’élevage (bovin-lait, bovin-viande, les petits ruminants, porcs, volailles et miel) dans les zones d’intervention du projet.
Pour mettre le PRODEL sur pied, le gouvernement de la République du Cameroun a sollicité le concours de la Banque mondiale. Elle a consenti à débloquer une enveloppe de 100 millions de dollars US, soit environ 60 Milliards de FCFA.
D’après le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (MINEPIA), ces fonds iront essentiellement aux producteurs et pasteurs, aux femmes et aux jeunes affectés par le manque de moyens de production. Dans les détails, quatre composantes sont couvertes par le PRODEL: l’amélioration de l’accès et de la fourniture des services de l’élevage, l’amélioration de la productivité des systèmes de production pastorale, l’accès aux marchés ainsi que l’appui au développement des chaines de valeurs.
Pour la Banque mondiale, le PRODEL s’inscrit dans la vision du gouvernement camerounais de développer une agriculture de deuxième génération et de professionnaliser le secteur agricole. Ce projet devra contribuer à renforcer la résilience des éleveurs et des pasteurs face aux changements climatiques, booster la création d’emplois et améliorer les revenus des principaux bénéficiaires à la base.
A travers le Prodel, qui projette d’impacter 600 000 personnes dans le monde pastoral, il sera question de connecter chaque éleveur à un établissement financier. L’objectif étant de pouvoir satisfaire autant que faire se peut les besoins de financements des acteurs agro-pastoraux, dans le cadre du développement de leurs activités.
En définitive, il est question pour le gouvernement de la République du Cameroun, de faire du PRODEL non pas un projet de subsistance, mais un projet économiquement rentable pour l’ensemble des acteurs de la filière élevage au Cameroun.
Otric N.