On la surnomme la grande muette mais, depuis le début de la crise socio sécuritaire et politique, elle n’a pas manqué d’être pointée du doigt, à cause des exactions qui lui sont, à tort ou à raison imputées.
Le calme observé par ceux qui ont en charge de protéger leurs concitoyens, face à la dérive dans laquelle plongent allègrement de nombreux camerounais, a incité les responsables de cette armée à sortir du silence et, au cours d’une émission radiophonique, ils ont appelé les uns et les autres « à Penser Cameroun ».
« Depuis les temps immémoriaux, l’espace de ce qui est devenu le Cameroun, s’est avéré être une terre de rencontres, de mixité et de brassage entre les peuplades ayant en partage ce beau et riche triangle. Un regard kaléidoscopique sur une carte permet de se rendre compte de la mosaïque que constitue le peuplement du Cameroun. Même la nature semble entretenir cette harmonieuse variété de phénotypes, de pratiques, de croyances qui se côtoient, s’enrichissent mutuellement, puis s’imbriquent intimement pour ne plus former qu’un tout, le vivre ensemble Made in Cameroon.
Ainsi, jamais les cours d’eau dont regorge notre pays n’ont été considérés comme étant des barrières, mais plutôt des traits-d’union, des voies de communication favorisant les échanges avec les peuplades plus ou moins éloignées, des sources d’enrichissement pour tous, riverains, lointains, et même des passants.
Au Cameroun, toutes les tribus, toutes les ethnies se marient les unes aux autres, sans égard pour l’origine géographique, l’option confessionnelle, encore moins l’extraction linguistique. Si déjà dans les temps anciens, les mariages inter tribaux étaient autant de pactes scellés interdisant toute hostilité entre les parties ainsi liées par le sang, il est de nos jours, encore plus difficile, de tracer des lignes de clivages nettes entre différentes communautés, compte tenu de l’imbrication des liens de consanguinité, et ce, quel que soit l’élément mis en avant. Le vivre ensemble est donc un code inscrit dans les gênes de chaque camerounais.
Le fait se reflète au niveau de l’Etat. Le système éducatif national, la loi d’applicabilité uniforme, garantissent les mêmes droits et les mêmes devoirs. La laïcité de l’Etat offre la liberté confessionnelle et, la dénomination de nos circonscriptions administratives répond à une logique autre que tribale. Ces quelques éléments viennent seulement confirmer et conforter le naturel résolument inclusif de la société camerounaise. Dans ce havre de paix qu’est le Cameroun, comment expliquer que l’on en vienne à évoquer d’éventuelles dissensions entre nos populations ?
Lequel des prédicateurs de la division et de l’ostracisme peut jurer de n’avoir jamais été soigné que par un praticien originaire de son village ? Lequel d’entre ces bonimenteurs peut jurer sans ciller, de n’avoir jamais été conduit que par un chauffeur de son ethnie ? Lequel des pourfendeurs de notre mode de vie peut prouver qu’il n’y a pas de femme venue d’ailleurs dans son village, ou qu’aucune fille de son village ne soit allée en mariage ailleurs au Cameroun ? Comment appellent-ils les enfants issus de ces unions mixtes ? Ne sont-ils pas des membres à part entière de leurs familles ? Le vivre-ensemble Made in Cameroon, c’est l’acceptation de notre pluralité, source de générosité et de fécondité.
C’est le complément idéal à nos propres insuffisances, et non pas un motif d’adversité. Le vivre-ensemble Made in Cameroon, c’est savoir tirer parti du moindre des atouts de notre diversité, pour consolider les fondements de ce qui nous singularise d’entre tous les autres peuples, à savoir, l’Unité, l’Unité, l’Unité. Alors, à l’exemple de la noble Armée camerounaise, creuset de l’Unité nationale, faisons du vivre ensemble, le substrat de notre existence, faisons du vivre ensemble, le ferment de notre épanouissement, faisons du vivre ensemble, un motif de fierté nationale».
N.R.M