De tous temps et sous tous les cieux, les contextes d’insécurité ont ceci de commun qu’ils désolent les uns, qui sont aussi les plus nombreux et les plus vulnérables, à savoir les populations, en même temps que ces dits contextes ouvrent des opportunités d’enrichissement pour d’autres, les moins nombreux, les moins scrupuleux aussi.
Il s’agit des acteurs non étatiques de la violence armée. Pour le cas d’espèce, des terroristes, en passe de se reconvertir en hommes d’affaires, après s’être constitué un épais matelas d’argent sur le dos des populations pillées, violentées et rackettées de mille et une manières, sous le prétexte tout trouvé d’effort de guerre.
A propos de ce soi disant effort de guerre censé œuvrer à l’avancement de fallacieux projets fondamentalistes ou émancipationnistes, il s’agit d’une absurde inversion intellectuelle et morale d’une mesure dont seuls des Etats légalement constitués disposent de l’habilitation de la mise en œuvre.
La récupération et l’usage de cette mesure par les groupes armés terroristes, est une forme de constitution d’une rente destinée non pas à soutenir un quelconque projet de refondation spirituelle ou nationale, mais à spolier nos populations du fruit d’un dur labeur, à l’effet d’entretenir toutes sortes d’activités interlopes.
Il en va ainsi des prélèvements occultes sur les transactions commerciales, des trafics de ressources naturelles, de la traite des personnes et d’organes humains, sans parler du narcotrafic, une activité qui se double du trafic d’armes, avec un penchant très prononcé pour les territoires d’anomie, autrement dit, des zones marquées par l’absence de tout organe de régulation sociale, notamment l’administration publique.
Les attaques à répétition contre les services publics, y compris les établissements scolaires, les structures sanitaires et les chefferies traditionnelles, participent de l’intention des hors-la-loi, de couper l'État de ses populations, dans le but de soumettre ces dernières au règne de la terreur.
C’est aussi pour cela que ces criminels patentés déploient des tonnes d’énergie et d’ingéniosité pour interdire l’usage des voies de communication, notamment par la destruction d’ouvrages de franchissement sur les cours d’eau, et la pose d’engins explosifs improvisés pour entraver la circulation des personnes et des biens.
Pour sa part, et plutôt que de replier ses forces sur des sortes de hameaux stratégiques, abandonnant de fait certains points du territoire aux forces d’opposition, l’État du Cameroun ne lésine sur aucun moyen pour favoriser l’activité sociale en maintenant ouvertes toutes les voies de communication des régions en proie au terrorisme.
Parallèlement à cette action déterminée qui se paye parfois au prix le plus fort, sans pour autant refroidir l’ardeur patriotique de nos vaillants soldats, d’autres actions sont entreprises, avec dans le viseur, le démantèlement des réseaux de la sédition.
L’accalmie actuellement observée dans les principaux foyers d’insécurité ne devrait donc abuser personne, les groupes terroristes ayant certes vu se réduire comme peau de chagrin leurs capacités de nuisance, la faute à des niveaux d’attrition insupportables que leurs causent nos forces de maintien de l’ordre.
En effet, le risque véritable réside dans la tentation à l’accoutumance à cette situation à mi-chemin entre la sécurité et l’insécurité, situation propice à toutes sortes de déviances et déperditions, principalement au détriment de la jeunesse.
La culture patriotique, l’attitude vigilante, et le réflexe collaboratif entre les populations et les pouvoirs publics doivent se poursuivre, voire s’intensifier, dans le but d’empêcher les sangsues que sont les entrepreneurs de l’économie de guerre, de vivre grassement en nous vidant de notre sang. /-
Capitaine de Vaisseau
ATONFACK GUEMO
Chef de Division Communication - MINDEF