Les responsables, les militants et les sympathisants du Social Democratic Front (SDF) résidant en majorité dans la Région de l’Ouest ont tenu une réunion de crise le dimanche 30 décembre 2018 au siège régional du parti à Bafoussam. La situation sécuritaire dans l’arrondissement de Bangourain, était l’unique point à l’ordre du jour.
En effet, depuis une semaine, cette commune d’environ 40 mille habitants subi des assauts des individus armés. Deux de ses quartiers, précisément Mekiefu et Nchoutpa, ont essuyé le dimanche 23 décembre dernier, une attaque meurtrière des sécessionnistes venus de la région anglophone du Nord-Ouest. Le lourd bilan de cette offensive a suscité de l’émoi auprès des partis politiques et même au plus haut sommet de l’Etat.
Le lendemain, et alors que les autorités administratives et traditionnelles se rendaient sur place, ce sont des dizaines de résidents qui quittaient massivement Bagourain pour se réfugier dans des lieux réputés plus sûrs. Informé de la situation, le chef de l’État Paul Biya a dépêché sur place son ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, en vue de réconforter les sinistrés et de leur remettre du matériel de reconstruction, ainsi que des denrées alimentaires et sanitaires.
Après une descente sur les lieux du sinistre, le SDF estime, dans un communiqué de presse publié ce dimanche, que «la crise dite anglophone a traversé les Régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest pour affecter Mbanga dans la Région du Littoral, Fongo-Tongo, Babadjou et Bangourain dans la région de l’Ouest, pour ne citer que ces localités particulièrement touchées, sans toutefois ignorer la dispersion des déplacés internes dans bien d’autres zones du pays».
Dans ce communiqué signé par le Sénateur Jean Tsomelou, Secrétaire général du SDF, le principal parti d’opposition a réitéré ce qu’il pense être les conditions à remplir pour mettre un terme à la guerre de sécession qui paralyse les activités et cause la mort des personnes dans les régions du Sud-Ouest et Nord-Ouest depuis deux ans.
Ainsi, le parti du chairman Ni John Fru Ndi appelle le chef de l’Etat Paul Biya à procéder à la relaxe de tous les détenus de la crise anglophone et de créer les conditions favorables aux fins d’un retour au bercail pour ceux qui vivent dorénavant dans la clandestinité ou en exil. Dans la foulée, le SDF accuse le gouvernement d’être responsable de l’échec des démarches des hommes de bonne volonté pour faciliter la création d’un environnement propice au dialogue et la sortie de crise.
En outre, le parti de la balance «condamne avec véhémence le refus de Monsieur Biya à écouter les compatriotes anglophones, chose qui met en péril l’unité et la paix dans notre pays». Le SDF tiens le régime au pouvoir à Yaoundé responsable de l’escalade du conflit vers les régions de l’Ouest et du Littoral et ce, avec tous les dégâts collatéraux.
Le Président de la République, à l’occasion de son investiture le 6 novembre 2018, lançait un appel aux groupes armés séparatistes des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. «Je leur lance un appel à déposer les armes et à retrouver le droit chemin. J’en appelle particulièrement aux jeunes qui se sont laissé entraîner dans une aventure sans lendemain», avait déclaré le locataire du palais d’Etoudi.
Le Chef de l’Etat a donné la chance aux membres de ces groupes armés ainsi qu’aux ex-combattants de Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord, de reprendre une vie normale. Paul Biya a en effet créé vendredi 30 novembre, le Comité National de Désarmement, de Démobilisation et de Réintégration des ex-combattants du Boko Haram et des groupes armés des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
«Si l’appel à déposer les armes que j’ai lancé aux entrepreneurs de guerre reste sans réponse, les forces de défense et de sécurité recevront instruction de les neutraliser. Je suis bien conscient en effet de la désolation que ces insurgés infligent aux populations de ces régions. Cette situation ne peut plus durer», a-t-il martelé dans son discours de fin d’année le 31 décembre 2018.
Otric N.