La Fédération internationale des droits de l’Homme (Fidh) et le Centre pour les droits des prisonniers ont appelé mercredi le gouvernement japonais à réformer le système judiciaire, dont l’affaire Ghosn a mis en lumière les défaillances selon ces Organisations Non Gouvernementales.
« Mettre le système en conformité avec les droits humains »
Les deux ONG demandent aux autorités de « prendre des mesures concrètes de manière urgente » pour mettre le système en conformité avec les normes internationales des droits humains.
« Une première étape devrait être la mise en place d’un dialogue sincère et constructif avec les organismes de l’Organisation des Nations Unies », soulignent-elles, ajoutant que le gouvernement japonais « n’a pas dûment soumis » les rapports qu’il est censé présenter régulièrement.
Dans un entretien accordé aux médias à la fin du mois de janvier, Carlos Ghosn avait fustigé sa détention prolongée et les refus répétés par le tribunal de sa libération sous caution. Un tel traitement « ne serait normal », selon lui, « dans aucune autre démocratie ».
L’ancien patron de l’alliance automobile Renault – Nissan-Mitsubishi Motors a été arrêté le 19 novembre à Tokyo. Il a depuis été inculpé pour minoration de revenus déclarés aux autorités boursières et abus de confiance : « Le refus du droit à l’assistance d’un avocat pendant les interrogatoires, sa détention prolongée avant inculpation et les conditions d’emprisonnement exposent certaines défaillances graves qui caractérisent le système judiciaire japonais depuis trop longtemps », a commenté dans un communiqué en anglais Maiko Tagusari, secrétaire générale de l’organisation japonaise Centre des droits des prisonniers (CPR).
La position de la France
En janvier 2019, une équipe française, conduite par Emmanuel Moulin, le directeur du cabinet du ministre de l'Économie Bruno Le Maire et, de Martin Vial, directeur de l'agence des participations de l'État (APE).Bercy avait expliqué que ce déplacement s'inscrivait dans le cadre des fonctions normales d'actionnaire : « L'État assume totalement son rôle d'actionnaire de référence et suit la situation au quotidien au plus haut niveau », avait assuré le cabinet du ministre de l'Économie.
Depuis le début de l'affaire, l'État français se montre prudent sur l’avenir de Carlos Ghosn à la tête de Renault. Bercy n'a jamais demandé son remplacement en tant que PDG, mais Bruno Le Maire avait reconnu que l'homme d'affaires n'était plus en état de diriger le groupe depuis sa cellule
Une position qui découle du fait que les autorités japonaises ont reconnu que le chef d'entreprise pouvait encore rester plusieurs mois en prison pour éclaircir la question de la gouvernance du constructeur automobile français.
Nicole Ricci Minyem