L’ouverture de l’enquête exigée par le Président de la République deux mois après la mort de treize personnes dont trois dames et dix enfants a permis de faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé dans la nuit du 13 au 14 Février dans l’arrondissement de Ndu– Région du Nord Ouest
Les Sanctions
L'ouverture d'une procédure disciplinaire contre le Chef de Bataillon Nyiangono Ze Charles Eric, Commandant du 52ème Bataillon d'Infanterie Motorisée (BIM) et tous les militaires ayant participé à l'opération de Ngarbuh.
L'arrestation du Sergent Baba Guida, du Gendarme Sanding Sanding Cyrille et du Soldat de Première Classe Haranga Gilbert, ainsi que des dix membres du comité de vigilance impliqués dans les événements tragiques de Ngarbuh et l'ouverture d'une procédure judiciaire contre eux.
Les militaires concernés sont d'ores et déjà à la disposition du Tribunal militaire de Yaoundé. Les membres du comité de vigilance concernés sont eux, activement recherchés.
Le Président de la République a ensuite exigé
L'exhumation des corps des victimes afin de leur donner, aux frais de l'Etat, une sépulture digne et de finaliser les constats nécessaires à la manifestation de la vérité
Le recensement des ayants-droit des victimes par l'Autorité administrative aux fins du versement par l'Etat des indemnisations et compensations appropriées.
Le renforcement de la sécurisation du village de Ngarbuh, notamment par la création d'une base militaire et l'érection d'autres services publics qui devraient permettre une meilleure protection des civils contre les exactions des groupes armés, le retour des personnes déplacées et l'apaisement des tensions intercommunautaires.
Retour sur les faits
Ngarbuh était devenu un centre de regroupement des terroristes sécessionnistes ainsi qu’un pôle logistique de ravitaillement en armes, munitions et combustibles de ces groupes.
Ces derniers se livraient à des exactions diverses contre les populations locales, notamment le vol des bétails les agressions …Ce qui a justifié une intervention des Forces de Défense et de Sécurité aux fins de protéger ces dernières.
Après une mission de reconnaissance autorisée par le Chef de Bataillon Nyiangono Ze Charles Eric – Commandant du 5ème Bataillon d’Infanterie Motorisée de Nkambe, le Sergent Baba Guida – Chef du Groupe Mixte de Ntumbaw l’a conduite quelques heures avant les heurts
C’est alors qu’un détachement a quitté la base le 13 Février à 22 heures avec un effectif de trois militaires et deux gendarmes. Au cours de la progression, le chef du groupe a pris l’initiative de se faire accompagner par dix sept membres d’un comité de vigilance local.
Après avoir formé deux groupes, l’équipe conduite par le Sergent Baba Guida à Ngarbuh 3 et composée du gendarme Sanding Sanding Cyrille, du soldat de 1ère classe Haranga et de dix membres du comité de vigilance local a donné l’assaut sur la base des informations communiquées par un terroriste repenti et paysan de la zone.
C’est après échanges violents de coups de feu ayant conduit à la mort de cinq terroristes et à la saisie de plusieurs armes que le détachement s’est rendu compte que trois femmes et dix enfants ont péri du fait de son action.
C’est conduit par la panique que les trois militaires, aidés par quelques unes des personnes qui les accompagnent ont tenté de masquer les faits par des incendies.
Rentré à la base, le Sergent Baba Guida a adressé à sa hiérarchie un compte rendu volontairement biaisé. C’est sur la base de ce dernier que le Gouvernement avait initialement fondé sa communication.
Les responsabilités établies par la commission d’enquête
Le Chef de Bataillon Nyiangono Ze Charles Eric, Commandant du 52ème Bataillon d'Infanterie Motorisée (BIM), connaissant pourtant la sensibilité de la zone de Ngarbuh, où existent de vives tensions intercommunautaires, n'a pas personnellement supervisé l'opération menée par ses hommes.
Le Sergent Baba Guida a associé des civils armés à une opération militaire, n'a pas maîtrisé ses hommes au cours de ladite opération, a ordonné l'incendie de maisons et volontairement travesti le compte rendu de l'opération et son bilan.
Le Gendarme Sanding Sanding Cyrille a participé à une opération ayant causé la mort de plusieurs personnes et des incendies de maisons.
Le Soldat de 1ère classe Haranga a participé à une opération ayant causé la mort de plusieurs personnes et des incendies de maisons.
Les dix membres du comité de vigilance engagés à Ngarbuh 3, non encore identifiés ont participé à une opération ayant causé la mort de plusieurs personnes et des incendies de maisons.
Tout en adressant ses condoléances aux familles, le Chef de l’Etat Camerounais a réitéré ses instructions fermes aux responsables compétents, aux différents niveaux hiérarchiques des Forces de Défense et de sécurité, de veiller, avec une détermination accrue, à ce que celles-ci accomplissent toujours leur devoir avec professionnalisme. Qu’elles assurent tout particulièrement la protection des civils et s'assurent que les allégations relatives à d'éventuelles exactions fassent systématiquement l'objet d'enquêtes et le cas échéant, de sanctions appropriées.
Nicole Ricci Minyem