Selon les rédacteurs dudit document, ils se sont basés sur les témoignages et les images satellite qui révèlent la terrible ampleur des destructions causées par le conflit dans cette partie du Cameroun
Toutes les parties au conflit dans les régions anglophones du Cameroun commettent des atteintes aux droits humains et des exactions, et la population civile est prise au piège.
« Dans un cas particulièrement horrible, deux vieilles femmes ont été abattues par des rafales de tirs séparatistes armés ; autre cas, des membres de comités de vigilance fulanis (peuls) ont incendié des centaines d’habitations et tué quatre personnes lors d’une terrible attaque », a déclaré Fabien Offner, chercheur sur l’Afrique centrale à Amnesty International.
Dans le même rapport, il est indiqué
Qu’il « Il est difficile d’obtenir des informations précises sur la crise des droits humains qui se déroule dans ces régions, qui sont difficiles d’accès par la route et ne sont pas bien raccordées au niveau des réseaux de télécommunications.
Mais ce n’est pas une excuse pour détourner le regard. Sans une action déterminée des autorités camerounaises et de la communauté internationale, les civil·e·s continueront d’être les premières victimes de cette crise. »
Les régions anglophones du Cameroun, à savoir le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, représentent environ 20 % de la population du pays. Les violences se sont récemment intensifiées dans certains secteurs de la région du Nord-Ouest.
D’après l’ONU, au moins 22 civils, dont 15 enfants et deux femmes enceintes, ont été tués à Ngarbuh dans la nuit du 13 au 14 février 2020, à la suite d’une opération militaire.
Une enquête du gouvernement a conclu que lors de ce même incident, « le commandant du détachement a décidé de se faire accompagner par 17 membres du comité local de vigilance ».
Plusieurs sources ont indiqué que les membres de ce « comité local de vigilance » étaient des membres de groupes armés fulanis. La situation accroît les tensions avec les séparatistes armés qui accusent depuis longtemps les Fulanis de coopérer avec les autorités.
Entre juin et juillet 2021, au moins quatre policiers ont été tués dans une embuscade près de la ville de Bali Nyonga, dans la région du Nord-Ouest. Deux gendarmes ont été décapités dans la ville de Babadjou dans la région de l'Ouest, frontalière avec la région du Nord-Ouest, dans le cadre d’une attaque que les autorités attribuent aux séparatistes armés.
Autres cas, l’homicide par l’armée dans le 3e arrondissement de Bamenda d’un civil conduisant une voiture et l’enlèvement de six fonctionnaires locaux dans la ville d’Ekondo Titi, dans la région du Sud-Ouest.
L'arrondissement de Nwa est très durement touché par les violences
L'arrondissement de Nwa, situé le long de la frontière entre le Cameroun et le Nigeria, est particulièrement touché par les récentes violences.
Entre le 22 et le 26 février 2021, au moins 4 200 personnes ont été déplacées de sept villages de Nwa, à la suite d’attaques menées par des comités de vigilance fulanis, qui ont coûté la vie à au moins huit personnes.
Selon le Centre pour les droits humains et la démocratie en Afrique (CHRDA), les bergers fulanis (peuls) « ont mené plus d’une dizaine de raids contre les habitants des villages de Nwa en moins d’un mois ».
Les images satellite analysées par Amnesty International montrent des villages qui ont été détruits ou incendiés à Nwa en février 2021. On ignore si les comités de vigilance fulanis ont attaqué les villages ou si ces destructions sont dues à des affrontements avec les groupes armés séparatistes, mais les images laissent supposer que les destructions sont plutôt récentes.
Sur les images du village de Sih prises le 5 mars 2021, on peut voir de larges zones de végétation noircie, ce qui indique qu’elle a été récemment calcinée.
Comme de nombreux secteurs de la région du Nord-Ouest, les villages de l'arrondissement de Nwa sont mal cartographiés, et il est donc impossible de vérifier tous les sites ».
N.R.M