L’archevêque émérite de Douala réagissant lors d’une émission diffusée sur les antennes de la Cameroon Radio Television (Crtv), affirme avoir en sa disposition des preuves de graves atteintes aux droits humains dans le cadre de la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Le cardinal Christian Tumi invite par ailleurs, le Gouvernement camerounais et les groupes armés à aller vers un véritable dialogue inclusif aboutissant à un cessez-le-feu pour éviter de nouveaux drames.
« 400 personnes ont été tuées dans le diocèse de Kumbo dans le Nord-Ouest. L’évêque de Kumbo et certains prêtres, ont réalisé une étude, la majorité des personnes tuées n’ont pas été le forfait des séparatistes parce qu’ils n’ont pas des armes sophistiquées identiques à celles de l’armée. Peut-être s’ils étaient détenteurs de ces armes, ils auraient tué plus de personnes, mais ils n’ont pas la possibilité de le faire. L’armée arrive peut-être un séparatiste a tué un soldat, ils entrent dans la famille et tuent tout le monde », déclare le cardinal Christian Tumi dans l’extrait de son intervention dans une émission sur les antennes de la Crtv. L’Archevêque émérite de Douala soutient d’ailleurs fermement ses propos. « C’est parfaitement vrai. Et je suis prêt à mourir pour cela », a-t-il ajouté.
Outre ces preuves que l’homme d’Eglise avoue détenir sur la question de la crise anglophone, il appelle les groupes armés à revenir à la raison en renonçant à leur projet. « A ceux qui sont dans les forêts, je leur demande de déposer les armes pour l’amour de leurs frères et sœurs. Ces jeunes dans les brousses sont à l’origine de la fermeture des écoles. Leurs frères et sœurs ne vont pas à l’école à cause d’eux. Je connais une fille dont le bras a été coupé parce qu’elle allait composer le CEP ».
Mentionnons que ces propos du cardinal Christian Tumi interviennent dans un contexte où Washington vient une fois de plus de se prononcer sur la crise anglophone. Lors d’une audition mardi dernier devant la chambre des Représentants américains, le Sous-secrétaire d’Etat chargé des affaires africaines, Tibor Nagy, a déclaré que, ni la stratégie militaire, ni le Grand dialogue national ont apporté des solutions concrètes aux problèmes de fond dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Les Etats-Unis appellent le Gouvernement Camerounais à un véritable « transfert de pouvoir » vers ces régions et d’aller vers des solutions politiques inclusives.
Innocent D H