Une sortie liée à la polémique qui semble opposer le maire de Djombe Penja à une société qui exploiterait allègrement les produits forestiers de cette commune, sans que les populations n’en tirent aucun bénéfice.
De nombreuses correspondances ont circulé ces jours et le président du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale semble avoir pris parti, tout en fustigeant ceux qui contribuent à cette destruction du patrimoine national
« Il y a lieu de se joindre au combat contre la mise en exploitation de nos forêts par l'abattage de ses essences rares au seul profit des multinationales étrangères et de leurs suppôts locaux tant parmi les entreprises détenues par les camerounais qu'au sein de l'administration publique en charge du secteur (Direction des forêts au Ministère des forêts...).
UFA = Unité Forestière d'Aménagement, s'obtient à l'issue d'un déclassement de la surface du domaine national pour le domaine public via un Décret d'incorporation. Le problème évidemment c'est que ça revient à céder un pan de la richesse nationale en donnant l'autorisation à l'adjudicataire de faire à peu près ce qu'il veut dans cette zone.
La loi forestière de 1994 est allègrement violée au Cameroun, de même les textes fiscaux subséquents : la RFA = redevance forestière annuelle assise sur la superficie de l'UFA n'est généralement pas payée et fini par être compensée avec le crédit de TVA qui lui même est fictif en raison de la dissimulation des ventes locales et la pratique des prix de transferts, donc faiblesse des recettes internes liées à l'exploitation forestière du fait de la fraude et de la corruption endémique dans le secteur.
Les volumes abattus ne correspondent jamais aux volumes comptabilisés au port de destination situés à l'étranger ; Malgré les incitations fiscales (exonération de la TVA) la filière de transformation locale n'existe quasiment pas au delà de simples scieries (travail de bûcheron) ; L'interdiction d'exportations en grumes n'empêche pas l'envoi de conteneurs entiers de grumes car les dérogations ne manquent pas et si on n'a pas le temps d'aller à Yaoundé pour les obtenir, le douanier lui même gère ça ;
Les aménagements sociaux et économiques au profit des riverains, contenus dans le cahier de charge de l'UFA, ne sont pas effectifs ; La taxe de régénération n'est pas acquittée (c'est ce qui garantit la déforestation et la création de clairières artificielles) ; L'inventaire initial, les inventaires annuels ne sont pas effectifs et disponibles (le public ne doit pas savoir ce qu'il y a dans l'UFA et ce qui est sorti) ;
Les droits sociaux des employés ne sont jamais respectés de même que les pachas peuvent licencier qui ils veulent comme ils veulent sans être inquiétés par l'Inspection du Travail qui reçoit sa part de prébendes.
Dans certains chantiers, ils auraient même droit de vie et de mort sur les bûcherons et villageois. Les lettres de voitures et carnet de chantiers ne traduisent pas la réalité de l'exploitation et le bois n'est pas traçable entre le propriétaire de l'UFA, le négociant et l'exportateur (lorsque cette chaîne mafieuse existe).
C'est encore pire lorsque les communes mettent en exploitation les forêts qui leur sont attribuées, c'est le domaine par excellence du gré à gré, du silence et de l'omerta. Et ne parlons pas du jeu de dupes dans les transferts d'UFA entre les nationaux et expatriés ou les expatriés entre eux (qui sait combien l'Etat a perdu dans la cession du Groupe Rougier ou des Ufa de l'hollandais Groupe Wuma).
Ne parlons pas de la pratique des prix de transfert lorsque l'entité au Cameroun est comprise dans un groupe mondial, le prix de cession de la cargaison de bois à l'entreprise du groupe ne correspond en général pas au prix du marché (qu'on ne peut même pas retrouver car les sociétés d'exploitation sont regroupées en cartel).
Le massif forestier attenant à Lom Pangar a été pillé secrètement sans que l'Etat ne perçoive quasiment rien (au contraire l'exploitant est même vindicatif), la direction des forêts ayant profité de ce que cette zone devait être inondée car rentrant dans la zone de retenue des eaux. Nous devons nous opposer à la délivrance de cette UFA car les camerounais n'ont jusqu'ici rien gagné de l'exploitation de leurs forêts!
Trop c'est trop »!
N.R.M