Dans cette missive Me Jean Guy Zogo qui se présente comme un Néo-Panafricaniste et Homme d'État fait des propositions pour « juguler la propagation du Coronavirus au Cameroun ».
« À Monsieur le Président de la République du Cameroun
-Yaoundé-
Objet : Mes propositions pour juguler la propagation du Coronavirus au Cameroun.
Excellence, monsieur le Président de la République,
Alors que notre pays est déjà confronté à des guerres aussi meurtrières les unes que les autres, en l'occurrence dans les régions septentrionales contre la secte islamiste dénommée Boko Haram, les coupeurs de route et le banditisme transfrontalier, dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, contre les sécessionnistes, et à l'Est contre les groupes armés qui font des incursions meurtrières sur notre sol.
Alors que nous vivons déjà une situation sociopolitique exécrable avec les crises post électorales et leur cortège de problèmes notamment l'exacerbation des replis communautaristes et identitaires chaque jour plus nocifs pour la construction d'une nation Camerounaise forte et prospère. Alors que les populations Camerounaises, qui paient déjà un lourd tribut dans ces guerres asymétriques, subissent aussi les difficultés liées à un marasme économique marqué par une diminution constante de leur pouvoir d'achat, et qu'en outre, beaucoup ont encore du mal à avoir accès à de l'eau potable en permanence, à l'électricité, à des soins de santé de qualité partout sur l'ensemble du territoire national, dans un contexte de chômage caractérisé par la prédominance du secteur informel.
Voilà que survient la pandémie du Coronavirus (Covid -19), qui sans nous prévenir, nous a déclaré aussi la guerre.
Bien que le Ministre de la santé publique ait pris un certain nombre de mesures et fait des recommandations pour endiguer la propagation de ce virus dans notre pays, je continue à avoir, et beaucoup de compatriotes avec moi, la désagréable impression que nos dirigeants n'ont pas encore véritablement pris conscience de la gravité de ce qui nous pend au nez.
Je dénonçais il y'a quelques jours l'attitude du Président de l'Assemblée nationale et de certains qui se croient à l'abri du fait de leur position sociale, alors même qu'ils devraient donner le bon exemple aux populations Camerounaises !
Au moment où nous en sommes encore à quelques dizaines de cas officiellement déclarés, je voudrais soumettre à votre attention, un certain nombre de propositions concrètes, pour faire monter la lutte contre cette pandémie dans notre pays, d'un cran.
1/ Sur le plan institutionnel
Je suggère le mise sur pied d'un Comité national spécial de gestion de la pandémie du Coronavirus, en abrégé CSG, composé de personnalités du gouvernement telles que les Ministres de la Santé publique, de la recherche scientifique, de l'administration territoriale, de la défense, des finances, du commerce, de la décentralisation, des relations extérieures, de la Justice, de l'économie, de l'agriculture et du développement rural, de l'élevage, des pêches et des industries animales, et la Présidence de la République.
Mais aussi des personnalités de la société civile et du monde politique. Ledit Comité serait placé sous l'autorité d'un "Médiateur de la République " chargé de faire un arbitrage sur les différentes propositions qui vont émaner des experts et autres consultés. Le Médiateur de la République ne doit pas être un membre du gouvernement, de la Présidence de la République, des services du Premier ministre, du Pouvoir législatif, ou du Pouvoir judiciaire. Il ne doit pas non plus émaner des rangs des militants du RDPC.
Il est même préférable qu'il vienne de l'Opposition politique ou de la société civile. Et pour assumer ces fonctions hautement délicates et importantes pour la vie de la nation, plusieurs personnalités indépendantes sont disponibles, dont moi.
Le Médiateur de la République doit être nommé par décret présidentiel. Il doit être placé sous l'autorité directe du Président de la République.
Dans l'exercice de ses fonctions, il doit jouir d'une immunité le mettant à l'abri des chantages et trafics d'influence si fréquents dans nos administrations. Il doit en outre jouir de l'autorité nécessaire pour requérir la force publique dans l'accomplissement de ses missions.
Trois hélicoptères médicalisés doivent être mis à la disposition du CSG, ainsi que des véhicules déjà disponibles dans nos administrations et qui sont le plus souvent utilisés à autre chose qu'au service public.
2/ Sur le plan sanitaire
La mise sur pied, sous la supervision du Comité national spécial de gestion de la pandémie du Coronavirus sus-évoqué, dans chaque région, département, arrondissement et village (quartier), d'une cellule technique et administrative de veille et d'éveil, qui vont permettre d'établir en temps réel, l'évolution de la situation du Coronavirus sur le terrain, et ce, 24h sur 24.
Au niveau de la région, la cellule est coordonnée par un Administrateur de Santé publique et un Médecin. Avec trois rapporteurs chargés de la rédaction des comptes rendus circonstanciés journaliers adressés au Comité national spécial de gestion de la pandémie du Coronavirus. Au niveau du département, la même composition.
Ainsi qu'au niveau de l'arrondissement. Quand au quartiers et village, au niveau de chaque chefferie de troisième degré et des Chefferie de quartier, un infirmier diplômé d'État et deux Aide-soignants (davantage dans les zones forte densité de populations), doivent être mobilisé pour effectuer le suivi permanent, des populations, en signalant systémiquement tout cas suspect. L'infirmier doit dès lors établir des rapports quotidiens de ses activités sur le terrain.
Cela va nécessiter la mobilisation d'importants moyens humains, matériels et financiers, mais c'est indispensable pour couvrir les 10 régions, les 58 départements, les 360 arrondissements (Communes) et les milliers de villages et quartiers de notre pays. Tout le monde devant de sentir concerné.
Pour éviter les lenteurs administratives courantes dans nos administrations et la corruption ambiante qui plombe la plupart des politiques publiques, le fond spécial devrait être géré uniquement par les trois responsables de premier plan du CSG à savoir le Médiateur de la République, le Médecin en Chef et le Responsable financier et comptable.
Aussi bien au niveau national, régional, départemental, communal que dans les villages et quartiers, chaque cellule de veille et d'éveil doit être dotée du matériel médical et administratif adéquat en quantité suffisante.
Chaque cellule du CSG au niveau de l'arrondissement doit disposer d'une ambulance et de véhicules de transport médicalisés dont le nombre est déterminé en fonction de la démographie. Et cette cellule devra travailler en étroite collaboration avec les Maires qui sont les responsables politiques les plus proches en principe des populations.
3/ Sur le plan sécuritaire
Des responsables de l’armée, de la sûreté nationale et de la gendarmerie nationale, ainsi que du Corps d'active de la douane, des eaux et forêts sont également affectés au Comité national spécial de lutte contre la pandémie du Coronavirus. Ainsi, à partir du niveau de base que sont les villages et les quartiers, le respect des mesures prises par le CSG est vérifié par les forces de défense et de sécurité sur toute l'étendue du territoire national.
Et des rapports journaliers sont adressés à la chaîne hiérarchique du CSG afin de procéder aux ajustements nécessaires à temps. La collaboration des populations est impérative pour la collecte des renseignements nécessaires.
Ceci implique, une plus grande surveillance de la circulation des personnes aussi bien à l'intérieur du Cameroun qu'aux frontières.
La situation sécuritaire des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, mais également des régions septentrionales nécessitant évidemment, un dispositif sécuritaire particulier compte tenu des enjeux.
La lutte contre la corruption, véritable fléau national, doit s'intensifier afin d'éviter que la pandémie du Coronavirus devienne rapidement un fond de commerce au niveau des différentes administrations publiques impliquées.
4/ Sur le plan économique
La situation économique de notre pays est connue. Nous savons très bien quel est l'état de notre outil de production et l'état de nos marchés.
Je préconise des ajustements structurels majeurs, notamment au niveau des charges fiscales, pour protéger autant que possible, les agriculteurs au moment où on s'apprête à lancer la saison agricole, les élevages et les industries animales.
D'où la nécessité d'élaborer en urgence un plan de financement de l'économie pour soutenir les entreprises nationales privées notamment, à travers une subvention pouvant permettre une diminution conséquente des prix des denrées de première nécessité sur nos marchés, mais également la préservation des emplois déjà bien difficiles à décrocher pour les jeunes Camerounais.
Les inégalités sociales au Cameroun sont profondes et se sont sérieusement accentuées ces dernières décennies. Il y'a des compatriotes capables de dépenser des millions de francs CFA pour se distraire simplement, alors qu'au même moment, d'autres compatriotes doivent survivre avec quelques milliers de francs CFA par jour.
Je suggère donc que les plus riches supportent un effort national de soutien à notre économie et aux couches les plus défavorisées à travers un fond d'assistance, géré par le CSG, qui va permettre d'arriver à la gratuité réelle et effective des soins de santé des personnes infectées, l'achat des masques pour les personnels de Santé, et toutes les personnes appelées à interagir avec les malades, l'achat des médicaments et des autres consommables médicaux nécessaires pour endiguer la propagation du Coronavirus au Cameroun.
Le Ministère du commerce doit effectivement s'assurer que les prix des denrées alimentaires et des produits de première nécessité n'augmentent pas sur les marchés. Les échanges commerciaux aux frontières doivent faire l'objet d'une surveillance plus accrue des personnels de la douane.
Le fond national de solidarité sus-évoqué devrait également servir à la distribution des produits alimentaires et de première nécessité aux nombreux réfugiés présents sur notre sol et aux déplacés internes.
5/ Sur le plan diplomatique
Le gouvernement de la République, en synergie avec le Comité national spécial, doit mettre sur pied une politique de gestion des Camerounais de l'étranger actuellement en difficulté un peu partout dans le monde. Chaque vie camerounaise est importante.
Une fermeture progressive et contrôlée des frontières doit déjà être envisagée, voir même déjà mise en œuvre. Tout en opérant un arbitrage sur la nécessité de laisser entrer les produits d'importation nécessaires.
Un confinement général des populations Camerounaises est également à envisager, mais pas avant la mise en œuvre effective et efficiente d'une batterie de mesures à même de permettre à ceux qui ont besoin de sortir de chez eux chaque jour pour pouvoir se nourrir, se loger, se soigner, s'habiller, bref pour pouvoir vivre tout simplement, de ne pas se retrouver devant la choix cruel entre mourir de faim chez eux sous confinement ou mourir de Coronavirus dehors en cherchant comme d'habitude leur maigre pitance.
En espérant que ma modeste contribution retiendra favorablement votre haute attention, Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de ma plus patriotique et respectueuse considération ».
N.R.M